Un échange fructueux, par moments marqué par de fortes émotions, a été ouvert sur cette réalité qualifiée de "sociologiquement amère et incontournable" et au sujet de laquelle les participants étaient unanimes à conclure que "beaucoup de progrès sont encore à faire en Algérie sur les plans juridique, sociétal, psychologique et administratif".La prise en charge de l'enfance privée de famille a fait, samedi et dimanche, l'objet d'un séminaire national organisé à la Maison de la culture de Tizi Ouzou, où un débat sans tabou et un échange fructueux, par moments marqué par de fortes émotions, a été ouvert sur cette réalité qualifiée de "sociologiquement amère et incontournable" et au sujet de laquelle les participants étaient unanimes à conclure que "beaucoup de progrès sont encore à faire en Algérie sur les plans juridique, sociétal, psychologique et administratif". Ce séminaire initié par l'association enfance privée de famille Arraw n'nagh, sous le thème "l'enfant : entre l'administration et le vide juridique", avec la participation d'un panel de spécialistes en la matière, "est dédié à la poursuite de la lutte pour le droit à la dignité, celui d'avoir un nom, une identité, une famille, un métier, la liberté d'agir et de circuler et, enfin, le droit de rêver, à l'instar de tous les enfants de ce pays, à un avenir meilleur", ont expliqué, de prime abord, les organisateurs qui déplorent que cette frange soit encore réduite, malgré elle, en seconde zone, au grand dam de la ratification par l'Algérie des conventions internationales spécifiques à l'enfance. À travers les débats et les propositions faites durant ces deux journées, les organisateurs espéraient déboucher sur des conclusions qui contribueront à faire bouger les lignes de la législation et à élargir les vues étroites de la jurisprudence pour rendre justice à l'innocence et réconcilier l'Algérie avec elle-même. En ce sens, Mohamed Cherif Zerguini, président d'honneur de l'association, écrivain, humaniste et militant des droits de l'enfant, a commencé par plaider pour une kafala définitive au lieu de celle provisoire maintenue jusque-là. "L'enfant n'est pas un objet mais un être humain", a-t-il déclaré, tout en appelant à commencer par lutter pour que soit abandonnée l'humiliante terminologie utilisée pour désigner ces enfants qui continuent à être stigmatisés en les qualifiant d'enfants illégitimes, d'enfants abandonnés... "Malheureusement, même la constitution en préparation va utiliser dans son article 16 le mot enfance abandonnée", a-t-il déploré. Poursuivant son intervention, M. Zerguini a estimé que l'on ne doit plus se limiter à parler de la prise en charge a posteriori mais qu'il faut agir en amont à travers une politique de prévention qui passe par une véritable éducation sexuelle et sa vulgarisation dans la société pour éradiquer, sinon au moins réduire les naissances sous X. "En même temps, il faut un recours accru au test ADN pour identifier le géniteur", a-t-il plaidé, non sans rappeler l'hostilité des religieux à cette option, y compris le mufti de la République. Pour sa part, Dr Boudarène, psychiatre de renom, a jugé que certes des efforts sont faits sur le plan technique, mais il y a toujours absence de volonté politique d'agir envers la société pour éveiller les consciences et faire évoluer la perception et la prise en charge de cette frange par la société.S. L.
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Posté Le : 28/10/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Samir Leslous
Source : www.liberte-algerie.com