Le travail des enfants est-il aussi insignifiant en Algérie que veulent bien le dire les chiffres officiels du ministère du Travail ? Une enquête de l?inspection générale du travail en 2006 fait part d?un taux de 0,54% d?enfants travailleurs. Pourtant, une autre étude de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem) conclut à des résultats sans doute plus dramatiques. Cette dernière, en effet, aboutit à une estimation six fois supérieure à celle avancée par l?inspection du travail. Qui dit mieux ? C?est dire ainsi, peut-être, toute la difficulté de mesurer ce fléau qui tisse sa toile d?autant plus dangereusement qu?il échapperait à l?observation des pouvoirs publics qui le dédramatisent par les chiffres, mais, surtout, qu?il serait incontrôlable parce que ce phénomène est consubstantiel à d?autres facteurs complexes qui l?expliquent. Le travail des enfants, qui existe bel et bien en Algérie, est devenu de plus en plus apparent à certains endroits de la capitale même. Les raisons économiques ne manqueront certainement pas à son explication. Tout le monde peut relever que le passage douloureux ? et non réussi ? à l?économie de marché a charrié, à ses débuts surtout, une multitude d?inégalités économiques et sociales après avoir fragilisé, d?abord, presque tous les ressorts de la solidarité sociale. Il va sans dire que l?exploitation des enfants se nourrit de la pauvreté, mais pas seulement, car, ce faisant, c?est aussi l?innocence qui est maculée par l?incurie des dirigeants. Le travail des enfants n?est-il pas en effet le témoignage d?un cri de détresse devant l?impuissance de Etats à les protéger de façon à les soustraire à toute volonté de corruption ? Dont le premier acte reste la corruption de leur idéal même, leur rêve d?enfant avec tout ce que cela implique comme imaginaire ludique. Viennent, ensuite, les déperditions scolaires de ces nombreux enfants qui, faute de programme ou de bonne politique de formation et d?absence de structures d?accueil, se retrouvent dans la rue. Combien sont-ils à avoir échappé aux mailles du commerce informel ?
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Posté Le : 13/06/2007
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ali Benyahia
Source : www.elwatan.com