Algérie

"L'injustice et la brutalité de la colonisation sévissent encore!"



img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P140504-16.jpg" alt=""L'injustice et la brutalité de la colonisation sévissent encore!"" /Haut fonctionnaire aujourd'hui à la retraite, le frère du colonel Si M'Hamed Bougara, M. Mohamed Bougara, a bien voulu nous recevoir et répondre à nos questions.L'Expression: On sait que vous n'avez pas revu Si M'Hamed depuis le déclenchement de la lutte de Libération nationale. Parlez-nous de son enfance, de son adolescence.Mohamed Bougara: Les souvenirs que je garde de mon frère M'Hamed, s'ils ne sont pas nombreux sont cependant très forts. Il faut savoir qu'il s'est engagé dans la lutte contre l'occupant dès son adolescence. De ce fait et sachant que la maison familiale était surveillée en permanence par les autorités coloniales, il ne venait plus, depuis son arrestation en 1945, à la maison. Il était membre permanent au PPA-Mtld, puis à l'OS et ensuite il a pris le maquis.Il est mort à l'âge de 36 ans en ayant passé plus de la moitié de sa vie dans la clandestinité. C'était un homme qui parlait peu. Qui lisait beaucoup. Il était très conscient du sacrifice qu'il fallait pour libérer le pays. Tellement conscient qu'à la veille du déclenchement du 1er novembre 1954, il s'est arrangé pour me voir furtivement loin de notre maison. Ce fut un moment déchirant mais qu'entre hommes nous nous refusions de montrer. D'une voix calme il me dit, avant de nous séparer, «c'est la dernière fois que nous nous voyons!».Il avait raison puisque vous ne l'avez plus revu. Même pas mort.Oui et c'est ce qui est le plus insupportable pour nous! Il est plus que certain que l'armée française avait peur de nous remettre son corps. Que nous l'enterrions comme tous les morts ont droit. Avec une tombe où nous aurions pu nous recueillir. L'armée française avait peur justement que cette tombe ne devienne un lieu d'hommage et de ferveur nationaliste. Les militaires ont cru pouvoir manipuler autrement sa mort en l'annonçant par tracts largués des hélicoptères pensant ainsi saper le moral de ses compagnons et dissuader la population dans son soutien aux valeureux combattants. Aujourd'hui et après l'indépendance acquise on peut affirmer avec force qu'ils se sont lourdement trompés.Avez-vous fait des démarches pour retrouver le corps'Bien sûr! Et plusieurs démarches mais sans effet à ce jour. J'ai même lancé un appel, en 2009, au président français Sarkozy. Je sais aussi que la fondation de la Wilaya IV a saisi par écrit l'Etat français. Sans résultat. Je profite de l'occasion que vous m'offrez pour lancer un nouvel appel au président François Hollande. Peut-être sera-t-il plus sensible. J'ose le croire car c'est le premier chef d'Etat français à avoir dénoncé la colonisation comme ayant été «un système profondément injuste et brutal». C'est pourquoi je pense qu'il ne laissera pas se perpétuer cette injustice et cette brutalité de la colonisation en mettant fin à notre calvaire et nous indiquer le lieu où le corps de mon frère se trouve. Il ne peut y avoir de secrets d'Etat en indiquant seulement le lieu. Un petit geste de sa part mais d'une portée inouïe pour nous!


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