Algérie

L'initiative Eizenstat toujours à l'ordre du jour


Qui se souvient de l'initiative Eizenstat, du nom de l'ancien ministre américain du Commerce ' Elle semble avoir été perdue de vue, mais pendant un temps seulement, puisque les Etats-Unis affichent toujours leur intérêt pour une intégration maghrébine en vue de la conclusion d'une zone de libre-échange. A cette époque, il était davantage question de l'instauration, en 1994, du visa entre l'Algérie et le Maroc et de la fermeture de leur frontière terrestre. Un problème de plus pour la construction maghrébine, d'autant que le Maroc, rompant une règle non écrite bien entendu qui avait permis de lancer l'Union du Maghreb arabe (UMA), demandait, en 1995, la suspension du fonctionnement de cet ensemble. Depuis quelques semaines, l'on assiste toutefois à  un frémissement susceptible, selon les déclarations très optimistes de nombreux dirigeants maghrébins, de déboucher sur une relance du processus en question. Les Etats-Unis s'y intéressent et la relance de l'intégration régionale au Maghreb figure en bonne place des discussions que la secrétaire d'Etat américaine aura, samedi à  Alger, avec les dirigeants algériens. Un tel projet est pour ainsi dire envisagé depuis bien longtemps et un responsable algérien n'a pas manqué de rappeler, dernièrement, qu'il est même antérieur à  ce qui était d'abord connu comme l'Union du charbon et de l'acier et deviendra plus tard l'Union européenne (UE) avec son espace qui s'étend des portes de l'Asie à  l'Atlantique, avec sa monnaie unique. Il a fallu beaucoup de temps et surmonter de nombreux obstacles pour que la simple approche soit enfin envisagée. Dès 1989, il était question d'intégration, mais aussi plus simplement de complémentarité. Ce qui supposait alors que chacun des cinq pays (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie) allait renoncer à  des choix économiques et adapter aussi bien les mentalités que les économies, en fait, accepter que certains projets soient localisés ailleurs qu'à l'intérieur de leurs propres frontières parce que cela devenait plus rentable pour chacun des partenaires. Difficile de dire que cela a été accepté pour la simple raison que l'UMA n'a pu mettre en œuvre de tels projets. Difficile aussi, pour les mêmes raisons, d'affirmer que cela ait été refusé. Mais rien – sinon très peu – n'a été fait en ce sens puisque la sphère commerciale a été fortement privilégiée et il n'est pas certain que des produits maghrébins, c'est-à-dire fabriqués localement ou à  forte intégration locale, aient bénéficié des choix des différents partenaires. C'est pourquoi il s'agit de repenser cet ensemble et le préserver des calculs étroits. Sinon, comment expliquer le faible niveau des échanges, ou encore des choix qui éloignaient toute perspective de complémentarité ' Il était par ailleurs difficile et même vain de chercher à  l'imposer ou tout juste l'envisager de l'extérieur, comme l'avait fait à  l'époque l'Administration de Bill Clinton. Le discours seul ne suffit pas. Y aller, c'est lever les malentendus, régler les différends là où ils existent et multiplier les points de convergence. Et surtout ne pas s'enfermer dans la logique du gain immédiat. C'est ce qui a amené à  des questionnements et des réactions tout à  fait logiques, et, par voie de conséquence, mis en échec l'initiative de Stuart Eizenstat. A l'inverse, devrait-on se demander quel serait l'intérêt des Etats-Unis dans un tel projet ' S'agit-il de capter un marché de plus de cent millions d'habitants, alors même que leurs relations économiques avec les pays de la région ne sont pas négligeables, ou alors de réduire les zones de tension, le Maghreb conservant une place stratégique ' Un tel projet, rappelle-t-on, a été envisagé quelques années après le lancement du dialogue méditerranéen en 1995, entre l'OTAN et les pays de la région, mais aussi le renforcement de manière significative et sous les formes les plus diverses des relations des Etats-Unis avec ces mêmes pays. A cette même époque, les Etats-Unis esquissaient une nouvelle politique africaine. Il reste qu'il y a un commencement à  tout et les Etats-Unis peuvent y contribuer.                    
 
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