Algérie

L'inimaginable à la salle Harcha



L'inimaginable à la salle Harcha
Le rassemblement de plusieurs milliers de personnes, vendredi à la salle Harcha, fera-t-il date et, surtout, amorcera-t-il une convergence inédite et jusque-là inconcevable en Algérie ' Il n'y a pas si longtemps (juste à la fin du siècle dernier et au début du suivant), ils étaient des ennemis irréductibles s'affrontant à coups de sabre et de hache dans les campus universitaires, se livrant une guerre idéologique et culturelle sans merci et sans fin, s'invectivant et s'étripant à la moindre occasion par sermons et presse interposés...Qui l'eût cru ! Saïd Sadi et Mohcine Belabbes, Abdellah Djaballah, Sofiane Djillali, Ahmed Benbitour, Abderezzak Makri, Mohamed Douibi... côte à côte pour exprimer un même refus et dire leur espérance de travailler ensemble à la construction d'un consensus minimal pour «donner de la voix» et du poids à leur opposition au régime en place. Nul ne peut dire si ce premier rassemblement, à vrai dire précédé de plusieurs rencontres de concertation entre dirigeants, débouchera sur un front solide construit sur les thèmes qui font consensus entre eux. Car ce vendredi, voulu comme une espèce de couronnement populaire, de tous les efforts prudemment et patiemment initiés, devra normalement connaître un prolongement au-delà de l'échéance présidentielle du 17 avril. D'ailleurs, les personnalités et leaders qui se sont succédé à la tribune se sont tous projetés dans le futur de l'après-présidentielle. Pour eux en tant que partisans d'un boycott actif du scrutin, soucieux de consolider le minimum qui les unit, l'essentiel est de faire durer l'idée du changement qu'ils appellent unanimement de leurs v?ux et surtout de l'accompagner par des actions concrètes de terrain.Deux faits saillants très significatifs caractérisent le meeting de vendredi. D'abord l'écho favorable rencontré auprès de plusieurs milliers de citoyens (ce qui n'est pas rien) militants ou sympathisants de courants politiques différents, voire affichant des divergences profondes sur leur projet sociétal. Ensuite, c'est une vraie gageure, mais les mêmes mots d'ordre ont été scandés par les «laïcs» du RCD et les «islamistes» du HMS fondé par Nahnah ou du FJD de Djaballah.Il faut le dire tout de suite, le miracle de la salle Harcha n'a été possible que par l'obstination du pouvoir qui a refusé de donner la moindre suite aux revendications formulées par ce qu'il est convenu d'appeler le «groupe des 5+1» : ni commission indépendante d'organisation de l'élection, ni accès au fichier électoral, l'administration -qu'ils soupçonnent de partialité et d'alignement- gardant donc la main sur tout le processus électoral, en aval et en amont. Certes, par la suite les autorités ont été contraintes de lâcher quelque peu du lest. Le mouvement Barakat a tenu un rassemblement qui n'a pas été réprimé et l'autorisation du meeting de la salle Harcha est en lui-même une preuve de la nouvelle attitude des autorités, plus souple et moins rigide. De toute façon, elles n'avaient pas le choix, car si elles devaient se cantonner plus longtemps dans l'intransigeance, elles auraient eu à faire face à une multiplicité de foyers de contestation politique, avec tous les risques de dérapage que comporte ce genre de situation.Les «5+1» sont libres de remercier ou non le pouvoir pour ce coup de pouce donné à son corps défendant. L'essentiel, pour eux, est à présent de savoir donner une suite à leur première action d'envergure réussie. Ils ont une base minimale consensuelle, née de leurs différentes rencontres de concertation. Mieux, un changement dans les mentalités, une meilleure perception des enjeux et des prédispositions pour une action commune sont perceptibles chez certains d'entre eux. A l'instar d'Abderezzak Makri qui a opportunément cité comme exemple à suivre le récent accord entre les islamistes et le reste de la classe politique tunisiens pour une sortie de crise.A. S.




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