Algérie

L'inhibition des associations culturelles est toujours de mise Faute de liberté d'initiative et d'une bonne politique de subventions



L'inhibition des associations culturelles est toujours de mise Faute de liberté d'initiative et d'une bonne politique de subventions
Il y a plus de vingt ans, la scène culturelle a été envahie par une multitude d'associations qui initiaient des activités tous azimuts, avec un enthousiasme incroyable, visible non seulement chez les animateurs culturels mais aussi chez le public, qui découvrait des spectacles, des manifestations et autres expositions qui sortaient du carcan officiel. Des activités qui étaient plutôt du grand n'importe quoi en termes d'expertise, mais tous appréciaient le fait que des citoyens, des jeunes pour la plupart, sans aucun lien avec les pouvoirs publics ni avec l'ex-parti unique, menaient des actions culturelles et autres sans participer à la propagande habituelle du pouvoir
central, comme cela était le cas durant le parti unique.
C'était une bouffée d'oxygène pour la population, particulièrement la frange juvénile, qui pouvait enfin crier, par exemple, son amazighité sans risque d'être embarquée par la police politique. A l'époque personne ne s'attardait sur la qualité médiocre des activités, car chacun était persuadé que cela allait s'améliorer avec le temps et l'expérience, notamment après la décantation qui devait survenir tôt ou tard.
Mais les difficultés sécuritaires et financières de l'Algérie qui ont suivi cette période de l'histoire de notre pays ont brutalement mis fin à l'enthousiasme ambiant parmi les animateurs associatifs.
Les associations culturelles ont été inhibées par non seulement la situation économique et sécuritaire du pays, mais aussi par une volonté, notamment du pouvoir central, de les domestiquer pour en faire des boites de résonnance à son seul profit. Le mouvement associatif encore «actif» se contente d'accompagner les autorités dans les différentes célébrations et autres manifestations budgétivores pour pouvoir «arracher» l'accompagnement de ces mêmes autorités quand il s'agit de leurs propres activités.
Elles sont rares les associations qui résistent encore devant l'abandon et la marginalisation qu'elles subissent de la part des autorités, sans compter celles qui ont carrément mis les clés sous le paillasson. Pourtant, plusieurs associations ont essayé de proposer des activités de qualité, innovant même dans certains aspects organisationnels. Certains animateurs culturels, qui sentaient que les pouvoirs publics n'étaient pas enclins à les accompagner dans la mise en 'uvre de leurs idées d'actions et manifestations culturelles, ont vite «changé de trottoir» pour trouver de nouveaux appuis, prenant même le risque d'accepter certains financements étrangers dont les objectifs ne sont pas toujours clairs. D'autres ont tout simplement innové dans un objectif de réduire les dépenses au maximum, comme l'a fait la Ligue des arts dramatiques et cinématographiques (Ladc) de la wilaya de Tizi Ouzou avec son festival annuel des Raconte-Arts. Impliquant dans l'organisation les populations des villages accueillant la manifestation, les animateurs ont réussi à baisser drastiquement les coûts de l'hébergement et de la restauration, maintenant ainsi l'activité en vie depuis près de dix années.
Cette association de Tizi Ouzou, et certainement d'autres dans différentes régions du pays, a montré qu'une association peut se débrouiller toute seule quand elle dispose de la liberté d'initiative et quand elle ne subit aucune entrave directe ou indirecte, notamment des pouvoirs publics et de leurs satellites culturels. Aujourd'hui, ce qui manque à la scène culturelle, au-delà des moyens financiers qui ont certainement leur importance, c'est cette liberté d'initiative, mère de toutes les débrouillardises et de toutes les innovations, et pour cela les associations culturelles doivent cesser d'être des réceptacles de toutes les médiocrités, qu'elles viennent des autorités publiques ou d'ailleurs. Et si l'on doit insister sur l'aspect financement, les pouvoirs publics devraient revoir leur politique de subventions au profit des associations culturelles et cesser d'émietter la cagnotte réservée au mouvement associatif, en voulant toucher le plus grand nombre, et la distribuer aux seules associations qui organisent des manifestations intéressantes et qui tendent à améliorer leurs activités par l'innovation et la création de dynamiques culturelles qui profiteraient au plus grand nombre de citoyens et de villes et villages.
M. B.


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