Algérie

L'ingérence étrangère dans notre mémoire



L'ingérence étrangère dans notre mémoire
Il faut que les Algériens, tous les Algériens, prennent conscience que depuis l'Indépendance, l'écriture de notre histoire, que nous n'avons pas encore réalisée, fait l'objet de tentatives d'ingérence étrangère.
Il faut arrêter les dégâts! Peut-on croire un seul instant qu'un étranger puisse écrire, pour nous et à notre place, notre histoire' Peut-on, de surcroît, prêter l'oreille à un historien français rapatrié d'Algérie quand il nous «donne» des conseils sur la façon d'appréhender notre histoire' Il faut que les Algériens, tous les Algériens prennent conscience que depuis l'Indépendance, l'écriture de notre histoire, que nous n'avons pas encore réalisée, fait l'objet de tentatives d'ingérence étrangère. Le dernier exemple nous vient de l'actualité de cette semaine. Aussitôt que le nouveau président français, François Hollande, ait condamné le colonialisme au pied de la stèle de Jules Ferry, des historiens français sont montés au créneau pour dire qu'il faut arrêter de dénoncer le système colonial. Et c'est l'APS qui a repris, lundi dernier, une telle ineptie pour la balancer à l'opinion publique algérienne. Si, si! Et avec le ton de souscrire à cette démarche diabolique. Ceci appelle plusieurs remarques. D'abord cet empressement de ces historiens français à contrer la «sortie» du président français. Il faut rappeler qu'aucun média, ni homme politique, ni historien de l'Hexagone n'ont repris cette position de leur chef de l'Etat. Elle a dû leur faire tellement mal qu'ils en ont perdu la voix. Ensuite, pourquoi faut-il «arrêter de dénoncer le système colonial'» Parce qu'il est la matrice de ce que furent, par la suite, le fascisme, le racisme, la ségrégation raciale, l'apartheid, le sionisme et toutes les idéologies qui endeuillèrent les peuples de la planète. Il faut aussi savoir que la France était divisée sur l'expédition militaire contre l'Algérie en 1830. Ceux qui n'y voyaient pas l'intérêt de la France ont tenté, en vain, de faire capoter le projet. Au sein même du corps expéditionnaire, cette division était très marquée entre l'Amiral Duperré et son chef, le général de Bourmont. Les pour et les contre se sont constamment affrontés jusqu'à l'Indépendance de l'Algérie. Et même après. Et même aujourd'hui. Parmi les grandes dates, citons le massacre du 8 Mai 1945 à Sétif, Guelma et d'autres villes de l'est du pays dont les auteurs ont tenu dans l'ignorance, le gouvernement français dirigé à l'époque par De Gaulle. L'ayant appris quelques jours après, celui-ci dépêcha une commission d'enquête dirigée par le général de gendarmerie Tubert. Ce dernier n'a jamais pu mener sa mission à bien. Les Ultras l'ont renvoyé bredouille à Paris. Et puis, enfin, il y a ces multiples attentats contre le général de Gaulle après la signature du cessez-le-feu en Algérie et qui se sont poursuivis jusqu'à sa démission en 1969. Aujourd'hui encore, tout est fait pour diaboliser le libérateur de la France. Ce sont là les grands traits d'une illustration de la division des Français sur la colonisation de l'Algérie. De cette même division qui a enterré, dans l'indifférence générale, le plus grand spécialiste de la Guerre d'Algérie qu'a été Yves Courrière, mort le 8 mai dernier. Qui a entendu parler de son décès' Voilà pourquoi Benjamin Stora, l'historien porté par les médias, préconise qu'il «faut arrêter de dénoncer le système colonial» lors d'une rencontre sur «l'Algérie, 50 ans après l'Indépendance», organisée à l'Institut de Sciences Po à Paris par l'association étudiante «Sciences Po Monde arabe» et que l'APS a relayée à l'intention des Algériens. Il est temps, en effet, que cesse cette ingérence étrangère dans notre histoire. Peut-on imaginer un seul instant qu'un historien allemand puisse s'immiscer dans l'histoire d'Israël' Ou que les Japonais se fassent le relais de l'histoire d'Hiroshima et de Nagasaki écrite par un Américain' Ou que les Vietnamiens se laissent dicter la bataille de Diên Biên Phu par un historien français' Nous sommes en présence d'une question relevant de la souveraineté nationale. Et si nous voulons acquérir le savoir-faire nécessaire pour écrire notre histoire, prenons le soin de ne pas choisir d'anciens Français d'Algérie. Lançons notre appel d'offres en direction des Norvégiens, des Japonais ou des Suédois. La France n'a pas le monopole de cette science. Nous souffrons du retard que nous accusons pour écrire notre histoire. N'aggravons pas nos souffrances en exposant ce précieux patrimoine aux souillures. Notre mémoire conditionne notre avenir. Nos enfants et les enfants de nos petits-enfants nous jugeront. Il faut arrêter les dégâts et fermer la porte et les fenêtres aux intrus. A l'ingérence étrangère dans notre mémoire. Historiens algériens, le devoir vous appelle!
zoume6@hotmail.com




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