Algérie

L'ingérence à géométrie variable


Une laconique dépêche de l'agence officielle APS nous a appris, hier, la dernière « trouvaille » du système pour faire passer la pilule du troisième mandat. Ainsi donc, à défaut d'une annonce solennelle du président Bouteflika sur ses intentions qui aurait pu mettre fin à « l'année du doute », c'est l'ambassadeur du royaume de Belgique en Algérie qui s'en fait l'avocat, selon l'APS. Baudouin Vanderhulst, qui était reçu hier par le chef de l'Etat au terme de sa mission en Algérie, semble avoir abusé des déclarations protocolaires en se permettant une ingérence' « bienveillante » dans nos affaires.Le diplomate belge a en effet avoué (') qu'il aurait voulu dire au président Bouteflika durant l'audience qu'il souhaitait qu'« il se représente au suffrage du peuple algérien ». Il est vrai que le style de la dépêche est un peu barbant pour un message politique aussi subliminal. Mais dans le fond, la « main de l'étranger » que nos gouvernants ont toujours voulu mordre est, cette fois, embrassée' Son Excellence a offert un coup de main politique inespéré qui n'est apparemment pas classable dans la rubrique de l'ingérence du pouvoir. Cela contraste beaucoup avec le coup de pied dans la fourmilière donné par l'ex-ambassadeur des Etats-Unis Robert Ford ou encore son collègue de Grande-Bretagne, qui ont critiqué la gouvernance de Bouteflika. Les déclarations de ces derniers furent rejetées globalement et dans le détail et l'ex-chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, avait dénoncé « l'ingérence » en leur rappelant doctement le devoir de neutralité qu'exigeait leur fonction en Algérie. Il faut croire que la notion d'ingérence est à géométrie variable : selon que le diplomate caresse dans le sens du poil ou critique le mode de gouvernance.L'opposition algérienne et les potentiels candidats à la présidentielle sont donc en droit de protester contre ce positionnement diplomatiquement inacceptable de Baudouin Vanderhulst. Le comble est que cela émane d'un ambassadeur dont le pays est en butte à une crise politique majeure depuis les élections législatives de juin 2007, avec notamment la démission de son Premier ministre. Le représentant du royaume de Belgique a, en l'occurrence, fait entorse aux déclarations de circonstance que lui commandent son statut en voulant influencer le choix souverain du peuple algérien. Et en matière de standards démocratiques, on attendait un peu mieux de la part d'un responsable d'un pays de l'Union européenne si pointilleuse pourtant sur l'équité des compétitions politiques. A moins que ce ne soit simplement qu'une belle blague belge'
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