De notre correspondant à Annaba
Mohamed Rahmani
Le mois de Ramadhan qui enregistre des pics de consommation, tous produits confondus, encourage certains commerçants à inonder le marché de denrées et de marchandises non- conformes parfois dangereuses pour la santé publique. Ainsi, les rues de Annaba se transforment, à la faveur de ce mois, en commerces à ciel ouvert où s'entassent, pèle-mêle, toutes sortes de produits vendus en l'état sans respect aucun des conditions d'hygiène et d'exposition. Une situation qui n'inquiète pas du tout les autorités locales et encore moins les services censés réprimer ce type d'activités illicites qui «se légalise» de fait, allant même jusqu'à narguer les forces de l'ordre. Il faut dire que les 2 sous directions -pratique commerciale, contrôle de la qualité et répression des fraudes dépendant de la Direction du commerce- n'interviennent qu'au niveau des commerçants inscrits au registre et qui exercent dans des locaux. Ces derniers qui se plaignent à chaque fois de la présence de vendeurs à côté de leurs devantures et qui proposent les mêmes produits à des prix défiant toute concurrencent ont à plusieurs reprises entamé des grèves. Mais celles-ci font chou blanc à chaque fois puisque les vendeurs «à la sauvette», chassés, reviennent à la charge quelques jours plus tard pour occuper, encore plus, les espaces au grand dam des commerces établis. Ceci aggrave le problème, à telle enseigne, que les commerçants baissent rideau pour s'installer, eux-mêmes, sur le trottoir, échappant ainsi aux brigades mixtes qui contrôlent les produits exposés à la vente. Ne restent que certains commerçants qui se soumettent, la mort dans l'âme, à ces contrôles pour être en conformité avec la réglementation. Le bilan d'une semaine de Ramadhan est maigre et l'essentiel de ces interventions a concerné principalement les boulangeries et les pâtisseries. En effet, la centaine de boulangeries implantées dans le chef-lieu de wilaya ont été la cible des brigades mixtes de contrôle qui ont enregistré 230 interventions avec prélèvement d'échantillons de pâtes et de baguettes pour en vérifier le poids. 80 PV ont été dressés avec constitution de dossier de poursuites judiciaires pour infraction à la réglementation. Lors de ces contrôles il a été découvert que certains boulangers n'hésitent pas à utiliser une farine de pain rassis, moulue par leurs soins, pour l'ajouter à la farine fournie et pétrir le tout pour fabriquer leur produit. Une pratique pour le moins répréhensible dans la mesure où elle comporte des risques pour la santé publique. Dans une autre boulangerie, un prélèvement effectué a fait apparaître, après analyse, qu'il contient du tabac à chiquer ; les artisans boulangers ne s'embarrassent pas trop des règles d'hygiène qui doivent être impérativement respectées. Et c'est encore dans une autre boulangerie que dans des baguettes exposées à la vente, on a trouvé des insectes cuits dans la mie. Cette situation a amené la Direction du commerce à prendre des mesures sévères, entre autres, la fermeture de 4 boulangeries ainsi que des poursuites judiciaires. Mais là aussi, il y a toujours moyen d'échapper à ces mesures coercitives, puisque le pain, lui aussi, se vend dans la rue et donc même si ces contrôles ont un quelconque impact, son effet est dilué et édulcoré du fait de la présence de milliers d'étals qui vendent du pain et à des prix doublés. L'informel qui a gagné toutes les activités pour les absorber est en passe de rendre caduque les institutions de l'Etat, des institutions censées faire régner l'ordre et la loi.
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Posté Le : 29/07/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : M R
Source : www.latribune-online.com