Algérie

L'informel ou le légal ?


Le commerce informel attente à l'envol de l'économie et à l'activation endogène de tout éventuel processus inhérent à son évolution, dans la mesure où les pratiques commerciales informelles ne doivent pas cohabiter avec une économie au sens classique du concept ; et vouloir imposer de facto à une économie légale le fait de devoir évoluer dans un environnement hétérogène est une hérésie, une ineptie, et procède d'une méthodologie incohérente.

Car il est inconcevable qu'on soit en mesure de structurer tout en faisant abstraction de phénomènes susceptibles de produire des facteurs réellement générateurs de déstructuration, pour ne pas dire de destruction. Ce faisant, la forme peut conditionner le fond, toutes proportions gardées. En d'autres termes, et tant que le fléau du commerce informel n'est pas, d'abord, rationnellement traité et résorbé, puis éradiqué, alors le rêve de pouvoir un jour bâtir une économie viable-fiable ne pourra jamais devenir réalité.

Sentence couperet, n'est-ce-pas ? Sentence malheureusement incarnée par un patent constat qu'illustre assez parfaitement la piteuse scène que nous exhibe au grand jour et quotidiennement la rue Benhaddad Amar (sise au quartier Gambetta), laquelle abrite un marché informel aussi laborieux qu'une ruche d'abeilles, qui ceinture une unité de fabrication de fil ainsi qu'un marché communal, spécialisé dans la vente au détail des fruits et légumes. Et il se trouve malheureusement que l'usine ainsi que le marché communal ne répondent plus à l'appel, parce que le glas a sonné pour eux, du moins pour le moment et peut-être pour une durée indéterminée.

Et les questions lancinantes qui se posent maintenant sont : faut-il que l'illicite supplante ce qui est légal et régulier ? Un état de fait peut-il primer l'Etat de droit ? Quelle question ! Bien sûr que non !

Si on revenait à ce fameux marché informel - véritable temple de la déconfiture -, on aura alors le déplaisir d'y voir un choquant décor de cauchemar, où les notions les plus élémentaires de la salubrité, de l'ordre et de la quiétude publique sont «royalement» bafouées, mettant en péril santé et sécurité des citoyens qui s'y rendent machinalement et nonchalamment.

Faut-il avouer d'autre part que la quasi-totalité des produits les plus composites gisent à même le sol, sans même un support physique. Comme l'exposition à la vente de poissons (en état de décomposition) qui côtoient des produits chimiques ! Summum du non-sens !

Cet exemple ne dénote-t-il pas la complexité d'un phénomène qui prolifère de jour en jour, aggravé en cela par le degré d'inconscience qui caractérise aussi bien les vendeurs que les consommateurs. Et il est devenu dès lors, incontestablement et immédiatement, question de trouver une solution radicale et inaltérable à cet inquiétant paradoxe, au lieu de se contenter d'établir de purs et simples constats, comme s'il s'agissait d'un problème banal sans incidence sur l'évolution sociétale.

Autrement dit, la fabrique et le marché en question doivent rouvrir leurs portes, reprendre leurs activités le plus normalement du monde et dans des conditions idéales de fonctionnement.

Ceci d'une part. D'autre part, les citoyens qui exercent au sein du marché informel doivent être réinsérés en vertu des lois en vigueur, et ce grâce à des investissements porteurs et chrématistiques, susceptibles de permettre une résorption globale et irréversible de problèmes socio-économiques d'une certaine acuité. Ce serait aussi une façon de dire non au chômage, au laxisme, aux activités informelles et au déchirures sociales.

Et les personnes qui animent le marché informel resteront toujours nos fils. Nous répondrons d'eux, nous ne nous départirons jamais de nos responsabilités envers eux. Nous devons user de tout ce qui est en notre pouvoir pour les réhabiliter aux yeux de la société, et ce en les délivrant de l'asservissant joug de l'errance, de la précarité et de la misère moralo-sociale.

L'Etat de droit ainsi que le droit du citoyen doivent primer, présider aux destinées et à la survie d'un pays détenteur du statut de Nation d'exception. Et honni soit qui mal y pense !



*Juriste, Oran




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