Algérie

L'informel, cette plaie béante L'absence de cadre juridique facilite sa prolifération


L'informel, cette plaie béante                                    L'absence de cadre juridique facilite sa prolifération
Photo : S. Zoheir
Par Younès Djama
L'activité informelle a été la principale caractéristique du Ramadhan 2012. Devant l'ampleur prise par le phénomène, on ne peut que s'interroger sur la position de l'Etat. L'emprise de l'informel sur l'activité commerciale nationale est telle que plus de 80% du blanchiment d'argent se ferait via le circuit informel. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c'est au moment où les pouvoirs publics déclarent faire la guerre à l'informel que celui-ci prospère. Alors que l'on s'attendait à ce que la main de fer de l'Etat s'abatte sur le commerce parallèle qui prive sa trésorerie de dividendes conséquents, ne voilà-t-il pas que ce sont les commerçants légaux qui se font systématiquement épingler pour diverses infractions. Un récent rapport, émis par les services de contrôle de la qualité et des pratiques commerciales relevant du ministère du Commerce, fait état de 101 447 interventions durant les 20 premiers jours du mois sacré. Les opérations, menées durant la période du 20 juillet au 8 août, ont permis l'enregistrement de plus de 23 000 infractions et l'établissement d'autant de procès-verbaux assortis de poursuites judiciaires. Dans la foulée, l'on annonce la fermeture de 1 500 locaux commerciaux pour «manquement à la réglementation». Des mesures tout à fait ordinaires, pourrait-on penser, sauf que le bilan des services de M. Benbada ne fait pas mention de mesures similaires prises à l'encontre des marchands informels autrement plus nombreux. Les commerçants informels qui brassent des milliards sans la moindre contrepartie pour le Trésor public ne sont donc pas inquiétés. Mieux, un compromis qui ne dit pas son nom semble avoir été conclu entre l'Etat et les marchands illégaux. Ce deal tacite fait que les deux parties gagnent au change. Surtout le gouvernement, mû par le souci de préserver la paix sociale et pour ne pas exacerber un front social déjà instable. «L'Etat a fait marche arrière devant le marché informel», fait observer Hadj Tahar Boulenouar, porte-parole de l'Union des commerçants et artisans algériens (Ugcaa). Il estime que l'informel est devenu si puissant qu'il peut forcer la main au gouvernement. Corollaire des pratiques illégales, le nomadisme saisonnier qui voit des commerçants se convertir en d'autres activités liées à la période du mois de carême (vendeurs de confiseries en tous genres), est une autre plaie dans le corps de l'économie nationale. Les inspecteurs de commerce et autres contrôleurs de l'hygiène se trouvent désarmés devant ces pratiques informelles en l'absence d'une loi à même de les sanctionner.
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