Algérie

L'informel, cette hydre invincible



L'informel, cette hydre invincible
«Trop d'impôts tue l'impôt.» L'évasion et la fraude fiscales aussi. Ces pratiques sont devenues une culture qui s'étale au grand jour sous les yeux de ceux-là même censés chargés par l'administration de réprimer et de sévir contre les fraudeurs. Une situation pour le moins insolite dans un pays où des lois réprimant ces pratiques illicites existent, mais qui malheureusement ignorées et bafouées par tous.La rue et les espaces publics occupés par des commerçants de l'informel sont là pour en témoigner et constituent une jauge infaillible du degré de déliquescence des services de l'Etat qui ne veulent ou ne peuvent rien faire pour stopper ce phénomène qui est venu sur tout. Du petit étal sur un carton qu'on pouvait retirer à la hâte à la vue des agents de l'ordre public on est très vite passé à la table de trois mètres sur laquelle sont exposés toutes sortes de marchandises selon les saisons pour ensuite dresser des armatures qu'on couvre avec une bâche formant ainsi un espace clos où on accroche effets vestimentaires, coupons, jouets et autres pour finalement construire sur les trottoirs des kiosques métalliques alimentés en courant électrique volé des lampadaires de l'éclairage public. Une sorte de pied de nez fait à l'administration dont les représentants font semblant de ne rien voir et certains vont même jusqu'à acheter des produits chez ces faux commerçants.La rue Ibn Khaldoun (Ex-Gambetta), une rue commerçante de la ville d'Annaba, est inondée de toutes sortes de marchandises, on y trouve de tout, vêtements, sous-vêtements, serviettes, chaussures, cosmétiques, parapluies, ustensiles de cuisine presque tout ce dont le sexe faible a besoin. Derrière le théâtre et les rues adjacentes, ce sont les vêtements pour hommes qui ont la cote,costumes, pulls, chemises, vestes, pantalons, joggings, chaussures, survêtements et casquettes pour jeunes. À Rahbat Ezrâah, ce sont les étals de lunettes qui occupent les trottoirs et une partie de la chaussée, lunettes de soleil, lunettes de vue, montures et montres, le tout importé frauduleusement et revendu avec bénéfices nets de tout impôt.Les cambistes clandestins sont légion et ont élu domicile dans les rues voisines, sacs en bandoulière, calculatrice à la main et arborant des liasses de billets de 1 000 DA et proposant le change aux passants.Du côté du marché El Hattab, ce sont les chaussettes et les sous-vêtements hommes qui sont proposés; des dizaines de vendeurs vendent à la criée leurs produits sous l'?il impassible des agents de police qui laissent faire.Juste à l'entrée du marché couvert en plein centre-ville, les vendeurs de poissons occupent les espaces ne concédant qu'un tout petit passage aux citoyens venus acheter fruits et légumes alors que les cases réservées à cette activité sont abandonnés.Les transports publics urbains ne sont pas mieux lotis, les usagers payant le prix n'ont pas droit à un ticket comme le prévoit la loi et sont soumis au diktat de jeunes receveurs qui font arrêter le bus quand ils veulent sans respect des arrêts fixés par l'itinéraire.À quelques jours de la fête du Mouloud, les pétards, pourtant interdits, ont fait leur apparition et se vendent le plus normalement du monde sans que l'on s'inquiète.Dans tout cela, des millions de dinars sont brassés chaque jour dans la rue, sans qu'il n'y ait aucune forme de contrôle ni de la part des services des impôts et encore moins des services des sous-directions de la pratique commerciale du contrôle de la qualité et de la répression des fraudes dépendant de la direction du commerce de la wilaya.Dans cette dernière direction, on nous dit que la voie publique dépend de la commune et à l'APC on nous informe que des mesures sont prises pour éradiquer ce phénomène. Certes, il y a eu construction de marchés et des vendeurs ont bénéficié de cases, mais entretemps d'autres les ont remplacés dans la rue et le problème s'est encore aggravé. Les campagnes menées tambour battant pendant quelques jours ne sont pas venus à bout de l'informel qui menace dangereusement les équilibres existants et est à l'origine d'un manque à gagner pour le fisc de plusieurs milliards de dinars.L'informel est devenu une hydre invincible du fait de mesures inadéquates sans incidence réelle sur ce phénomène et de responsables qui ne veulent pass'impliquer dans cette lutte qui menace sérieusement l'économie nationale.M. R.




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