Algérie

L'information, talon d'Achille du secteur de la santé



L'information, talon d'Achille du secteur de la santé
A. Lemili«Ce n'est que chez nous que le cancer est resté d'abord dans l'imaginaire populaire une pathologie spectrale et ensuite comme impossible à prendre en charge dans des conditions idoines aux yeux du corps médical, toutes natures confondues.En fait et d'une manière globale, cette maladie souffre d'un énorme manque d'information et de communication qui en rajoute forcément au sentiment de lassitude et chez les malades, leurs familles et chez les acteurs censés les prendre en charge.» C'est ce qu'a déclaré le Pr A. Aberkane dans une conférence de presse donnée dans la matinée d'hier dans un salon de l'hôtel Cirta à Constantine. La rencontre était organisée par Waha, association d'aide aux malades du cancer dont il est le président. Dans la foulée, il fera l'annonce de la tenue d'une rencontre commémorant la Journée mondiale de lutte contre le cancer prévue pour demain à hauteur de l'hôtel Hocine (nouvelle ville Ali-Mendjeli).Le manque d'information est d'une telle chronicité que même l'Institut national de la santé publique, et encore moins les observatoires régionaux de santé publique implantés dans les grands pôles urbains, ne disposent pas de statistiques à même de donner un aperçu peu ou prou proche des réalités tournant autour du cancer.En plus d'une étude réalisée sur la perception du cancer en milieu universitaire, les organisateurs fourniront des documents diserts sur la pathologie, objet de la rencontre prévue demain et fournissant dans les détails la nature du programme, dont les points au demeurant de première importance pour une pathologie qui demeure toujours perceptible chez nos concitoyens comme l'antichambre de la mort au moment où les progrès dans le domaine de la médecine font que sa prise en charge, et pour peu que les équipements médicaux soient disponibles, relèverait de la démarche ordinaire au même titre que les autres maladies chroniques tels le diabète, les problèmes cardiovasculaires, l'insuffisance rénale, etc. L'information étant incontestablement le talon d'Achille du secteur de la santé, l'étude évoquée précédemment confirme que «80% des personnes enquêtées déclarent ne pas être informées sur le cancer» et, en même temps, «pour 98% de la population, celui-ci peut être dépisté». Dans le registre de la perception réductrice, voire arbitraire, de la pathologie et considérée comme plutôt négative, «72% des personnes interrogées considèrent que le cancer n'est pas une maladie comme les autres et pour 55% qu'il est incurable». Enfin comme les tabous ont la vie dure, «1 personne sur 2 (50%) estime que les malades ne devraient pas faire état de leur maladie». Ces sondages donnent en gros ce qui suit : 90% des personnes interrogées sont mal informées sur le cancer et pour 86% il est mal pris en charge en Algérie. A telle enseigne que ladite perception a, de fait, installé au sein des personnes enquêtées un lexique éloquent, le cancer étant associé aux qualificatifs : grave, insidieuse, incurable, sans espoir, mort lente et fatale, sans remède, dégradation physique. L'association Waha fait de la démystification de cette perception arbitraire du cancer son cheval de bataille, comme elle fait du quotidien de ses membres un engagement permanent au profit des cancéreux, dont la prise en charge humaine, matérielle et financière à l'endroit des malades et familles socialement vulnérables est effective et incontestable. D'ailleurs cette conviction est telle que l'association lance prochainement un projet de création d'une maison d'accueil des malades du cancer et de leurs proches, ledit projet porte le nom de Dar Waha. «Le terrain a été acheté, l'étude est prête et nous devrions prochainement obtenir l'autorisation de construire», annoncera le Pr Aberkane.Tout au long de son intervention, il tiendra à rappeler que «le pays, sur le plan des compétences, a la capacité de prendre en charge très sérieusement le cancer, ce sont néanmoins des pesanteurs dans la gestion sinon dans le monopole des prises de décision ou encore leur centralisation qui brouillent et les pistes et parasitent l'ébauche de stratégies de nature à trouver des solutions locales à toute situation». Les organisateurs des prochaines assises nationales sur la santé seraient bien avisés de prendre comme vade-mecum le formidable travail de Waha.Il faudrait toutefois rappeler que selon les estimations faites par l'association, 86 400 personnes vivaient avec un cancer au cours des cinq dernières années, 37 900 nouveaux cas ont été recensés en 2012 et enfin 21 700 décès y ont été liés au titre de la même année.A. L.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)