- Parlez-nous du thème de votre film Sa3a we nos, sur le phénomène des accidents de train en Egypte.
Le film Sa3a we nos traite des accidents de train qui se produisent fréquemment en Egypte. La démarche du réalisateur a voulu qu'on zoome sur des visages qui appartiennent à toutes les classes égyptiennes, de la classe négligée, celle qui provient des régions enclavées, à la moyenne qui a la possibilité de se payer un billet de train sans se soucier vraiment de son prix, en passant par la classe pauvre tiraillée entre ses drames, malheurs et son envie de voyager et aller vers un nouvel horizon et une vie nouvelle. Le film est d'autant plus spécial que les citoyens égyptiens évoquent les faits et détails à chaque fois qu'un accident de train se produit comme celui d'avant-hier au village de Badrasheen, au sud de Gizeh, route du Grand Saieed égyptien, région où les accidents de train se suivent et se ressemblent. Le plan du monteur a pris en considération la trentaine de personnages qui ne se connaissaient même pas au début, dans l'optique de tisser la trame et les fils de l'histoire jusqu'à l'arrivée du drame, à savoir l'accident. La difficulté que j'ai heureusement dépassée était de tisser ses fils dans un laps de temps d'une heure et demie sans utiliser beaucoup d'outils techniques du monteur pour la simple raison que la fluidité du scénario d'Ahmed Abdallah et la réalisation et l'imagination de Wael Ehsan m'ont permis de tout monter avec aisance.
- C'était la seule difficulté '
Non. Il y avait une autre difficulté, je devais être très regardant sur le jeu de chaque personnage et faire en sorte que tout soit naturel au point de se fondre dans la réalité. Il y avait aussi beaucoup de scènes qui nécessitaient le recours aux effets graphiques, du coup, le montage était extrêmement fictif.Autrement dit, pour que le résultat soit réel et nickel, je devais donner libre cours à mon imagination et composer des mises en scène inexistantes dans ma vision primaire. J'ai, en d'autres termes, montré l'accident, sans montrer le train lui-même, mais sans que le spectateur s'en aperçoive.
- Jusqu'à quel point le cinéma peut sensibiliser la société '
Le cinéma est un mode de vie et a certainement une forte influence sur le citoyen et la société mais pas seulement. Car il agit aussi sur les entités étatiques et gouvernementales. Il est connu que le cinéma fait partie des outils audiovisuels qui influent le plus sur le comportement de l'humain, sans oublier que le message de l'artiste n'est pas à minimiser. Malheureusement, l'influence de l'art commence à se dégrader à cause du mauvais climat sociopolitique qui sévit ces dernières années en Egypte. Ce qui a fait que le regard du citoyen commence à changer lui-même, et ce, à cause du laxisme des gouvernements qui font partie des sociétés elles-mêmes. De plus, bon nombre de maisons de production ne s'intéressent qu'au lucre et font fi des messages moralisateurs du cinéma, ce qui fait que le but de l'art ne soit plus le même chez certains producteurs.
- Croyez-vous qu'une mutation de la société égyptienne est nécessaire '
Nécessaire, oui, faisable non. Il nous faut beaucoup de temps afin de former une nouvelle génération qui soit elle-même formée par une bonne génération différente de la nôtre, puisque cette dernière a déjà vu des vertes et des pas mûres de la part d'un système sociopolitique qui va de travers. Faites- le calcul alors pour savoir combien de temps il nous reste pour atteindre ce but... ou pas.
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Posté Le : 18/01/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Faten Hayed
Source : www.elwatan.com