Algérie

L'inextricable question du logement social à Oran



La semaine dernière, la ville d'Oran, à l'instar de plusieurs villes du pays, a vécu des remous provoqués par la question du logement social, avec cependant une particularité: ce sont celles et ceux qui n'ont pas pu obtenir le fameux document dit de «pré-affectation» qui ont décidé d'exposer leur colère sur la voie publique. Soulignons en premier lieu que cette formule de pré-affectation est une innovation à Oran et n'existe nulle part ailleurs. C'est ce que nous ont confirmé plusieurs syndicalistes, militants associatifs et responsables suivant de près le dossier du logement au niveau national. La formule se résume en une promesse d'attribution de logement sur un parc à réaliser dans le cadre du nouveau programme alloué à Oran par les pouvoirs publics. Ce qui fait dire à un militant d'un parti politique «que nous sommes en plein dans le virtuel». Concrètement, ce sont près de quatre mille familles, correspondant au nombre de décisions de pré-affectation devant être remises qui, désormais, s'ajoutent au nombre «d'élus» à accéder au logement social. Il faut ajouter à ce chiffre celui enregistré au lendemain des émeutes de janvier 2011, lorsqu'une rumeur, dont on n'a jamais su la source exacte, avait entraîné des milliers de mal-logés au siège de la wilaya. En quelques jours, ce sont 84.000 demandes qui ont été réceptionnées alors par les services de la wilaya. Précisons que devant l'ampleur des chaînes de demandeurs, le wali d'Oran avait démenti avoir avancé une quelconque promesse d'octroyer des logements. Rappelons que la wilaya d'Oran s'était taillé la part du lion en matière de programmes de construction d'habitats lors des précédents plans arrêtés par le gouvernement.

Pour revenir à la question initiale, en l'espace d'une année, Oran se retrouve grossie de 87.000 nouvelles demandes de logement. Ces demandeurs sont tous munis de documents officiels légitimant désormais leur droit à l'accès à un logement social. Or, nous savons que les capacités de réalisation des entreprises nationales et locales ne peuvent pas endiguer cette demande. Ce chiffre passe sous silence un autre. Celui de ceux qui attendent depuis des années la distribution des logements déjà réalisés. Et ils se comptent eux aussi par milliers. La plupart d'entre eux possèdent des attestations de payement auprès de l'OPGI et connaissent même la cité, l'immeuble et l'étage où ils devaient être établis depuis plus de deux ans. Ces chiffres appellent certaines remarques. Il est clair que la promesse, surtout quand elle est difficile à réaliser, ne peut pas coïncider tout le temps avec la gouvernance. D'un autre côté, avec ou sans le fichier national de l'habitat, à chaque fois présenté comme un outil pouvant conférer de la transparence en matière d'attribution de logements, l'opacité la plus totale continue d'envelopper la question du logement. Qui sont les quatre-vingt-quatre mille demandeurs qui avaient assailli le siège de la wilaya en janvier de l'an dernier ? On ne le saura jamais. Ce qui est établi, c'est que le logement et le foncier demeurent les voies royales à l'enrichissement facile dans un pays où la spéculation n'a laissé aucune place à d'autres formes d'aventures économiques. Des centaines, voire des milliers de cadres algériens, dont certains totalisant plus de vingt ans de boîte, comme on dit, continuent de louer ce qui leur sert d'habitation chez des particuliers qui avaient bénéficié de logements subventionnés par l'Etat. Par pudeur et dignité, ils refusent de s'agglutiner avec des éternels demandeurs de logements, chaque fois qu'on évoque un programme d'attribution. Donc, promesses lancées du bout des lèvres de la part de certains responsables peu soucieux de la crédibilité des institutions, le plus souvent exploitées par des réseaux mafieux tapis dans les administrations, faisant le bonheur de spéculateurs qui ont fait des difficultés des ménages une source d'enrichissement sans sourciller.




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