Presque tout a été dit sur le terrible impact de la pandémie sur les pays producteurs de pétrole. Des répercussions de différents ordres mais les plus importantes happent littéralement les budgets des Etats dépendant du pétrole et des hydrocarbures en général, comme l'illustrent les chiffres livrés ces dernières semaines en Algérie lors de la présentation et des débats sur la prochaine loi de finances.Des années plus difficiles encore que ce qui était prévu attendent les pays producteurs de pétrole, dont l'Algérie, bien entendu. Les chiffres, comme les énonçait il y a quelques semaines le ministre de l'Energie devant la Commission des finances de l'APN, sont implacables.
Si l'année 2019 était déjà difficile, ne laissant qu'une petite marge de man?uvre aux pouvoirs publics pour établir la loi de finances 2020, le cours de cette année est venu enfoncer le clou, la loi de finances complémentaire étant venue en cours de route rectifier ce qui pouvait l'être à cause, en partie, des 41% de baisse des revenus pétroliers jusqu'à septembre dernier, n'atteignant que 14,6 milliards de dollars, alors qu'au même mois de l'année dernière, déjà pas très brillante, ces recettes dont dépend le budget de l'Etat étaient de 25 milliards de dollars. En conséquence, selon le ministre de l'Energie, les recettes engrangées grâce à la fiscalité pétrolière, jusqu'à fin septembre dernier, ont atteint 1 441 milliards de dinars, soit une baisse de 31% par rapport à l'année dernière. La réduction des revenus pétroliers a ainsi déteint sur la loi de finances 2021 dont l'établissement a contraint le gouvernement à prendre en compte un prix du baril de pétrole à 40 dollars, prix jugé «prudent», pour aboutir à des prévisions budgétaires qui n'augurent rien de bon.
En effet, le déficit budgétaire devrait afficher 3 614,42 milliards de dinars en 2021, alors que pour cette finissante année, il est prévu qu'il atteigne 2 954,88 milliards de dinars, selon la loi de finances complémentaire 2020. Déficit qui atteindra 13,75% du produit intérieur brut (PIB) alors que pour cette année, la loi de finances complémentaire l'avait estimé à 10,4% du PIB, au moment où le déficit du Trésor sera, lui, de 17,6% du PIB. Des chiffres problématiques qui n'ont pas empêché, toutefois, le gouvernement d'affirmer que le «cadrage budgétaire» pour la période 2021-2023 sera marqué par la poursuite de la stratégie axée sur la maîtrise des dépenses publiques et l'amélioration progressive des recettes fiscales, sans toucher aux transferts sociaux.
Un état des lieux sur le plan budgétaire qui, il faut se le dire, n'est pas l'apanage de l'Algérie. Ainsi, comme l'explique une spécialiste des questions liées aux hydrocarbures pour un site spécialisé américain, en raison des revenus gouvernementaux essentiellement tributaires du pétrole, les déficits budgétaires dans la région sont en plein essor. «Les grands producteurs de pétrole du Golfe se sont précipités pour augmenter la dette via l'émission de dette souveraine et d'entreprise. Les émissions d'obligations dans la région ont déjà atteint 100 milliards de dollars, dépassant le montant record précédent d'obligations émises en 2019», a affirmé l'experte dans son analyse datée de jeudi dernier, les pétro-Etats se montrant peu regardants sur l'augmentation de la dette pour tenter de combler les écarts grandissants de leurs bilans.
Dernier cas en date, cité par l'experte américaine, celui de la plus grande compagnie pétrolière du monde, la saoudienne Aramco, qui a levé, la semaine dernière, jusqu'à 8 milliards de dollars d'obligations, en plusieurs tranches, exploitant ainsi le marché obligataire international pour la seconde fois en deux ans. «Saudi Aramco préfère augmenter considérablement sa dette pour faire face à l'effondrement des prix du pétrole plutôt que de toucher son énorme dividende annuel de 75 milliards de dollars, dont l'écrasante majorité revient à son plus grand actionnaire avec 98%, le royaume d'Arabie Saoudite». Ainsi, en raison de leur dépendance presque quasi-exclusive du pétrole et de son prix, les pays producteurs se retrouvent face à une inextricable situation budgétaire, comme c'est le cas, donc, de l'Algérie qui peine à mettre en ?uvre les réformes économiques promises, pas seulement en raison de l'impact de la pandémie.
Azedine Maktour
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Posté Le : 22/11/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : A Maktour
Source : www.lesoirdalgerie.com