Les cinq candidats qui sillonnent le pays depuis trois jours, dans une campagne électorale de pure forme, se plaignent des faveurs royales dont bénéficie le candidat qui ne bouge pas de chez lui. Ils évoquent tout spécialement le "parti pris flagrant des médias publics" qui confondent sciemment entre le chef de l'Etat Bouteflika et le candidat Bouteflika. "Les cinq" font mine de s'effaroucher et de s'offusquer d'une pratique qu'ils connaissent pourtant bien, au même titre que tous les Algériens. Car si elle n'est pas inscrite dans la loi électorale, la règle est immuable : la Télévision et la Radio nationales, ainsi que les journaux gouvernementaux, tout comme les organisations patronales ou encore la Centrale syndicale sont sommés de soutenir le candidat du système. "Les cinq" le savaient. Mais peut-être espéraient-ils qu'il allait en être autrement à l'occasion de cette présidentielle 2014. Si tel était le cas, les voilà donc invités à descendre de leur nuage : cette élection sera à l'image des précédentes.Leur dénonciation du traitement spécial dont bénéficie le Président-candidat et leur saisine de la commission de surveillance des élections, quant à elles, sont à l'image de la campagne électorale elle-même et de l'ensemble du processus : une opération de pure forme.Pour n'avoir pas soutenu l'exigence d'une commission électorale indépendante pour organiser, encadrer et superviser le scrutin dans ses différentes phases, "les cinq" sont réduits désormais à constater les dégâts, sans pouvoir empêcher la machine infernale de la fraude de continuer sa marche inexorable jusqu'au jour J. Et même jusqu'à l'heure H, celle où le ministre de l'Intérieur annoncera la victoire du Président-candidat.Il ne pourrait pas en être autrement, quoi que puissent rêver "les cinq". Les instruments classiques de la fraude, à commencer par ce fichier électoral élastique et malléable que le gouvernement se garde d'assainir, sont toujours là. Plus qu'un signe d'une volonté d'en user une nouvelle fois, le traitement spécial accordé par les médias publics au favori du système constitue, en soi, une déclaration claire des intentions du pouvoir. En attendant, "les cinq" vont continuer à sillonner le pays. Même de pure forme, il faut bien que la campagne aille à son terme. Et tant pis si, au fond, elle participe à la fraude. nNomAdresse email
Posté Le : 26/03/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Saïd Chekri
Source : www.liberte-algerie.com