Algérie

L'inévitable nouveau modèle économique



L'économie nationale nécessite des réformes structurelles urgentes qui passent par un nécessaire apaisement politique pour garantir la cohésion sociale.Au-delà des comptages journaliers de cas de contamination et autres hypothèses de pics de pandémie, la crise sanitaire en présence est sans doute bien partie pour durer. Avec elle, les effets de récession, de tassement de l'activité mondiale, d'aggravation du chômage et de la précarité risquent de perdurer encore davantage, tant la pandémie affecte, en premier lieu, les pays dont les économies sont les moteurs mêmes de la croissance dans le monde, en l'occurrence les USA, la Chine et l'Europe.
L'Algérie dont l'économie était déjà structurellement en crise bien avant le Covid-19, fait face, elle, à une nouvelle urgence née de cette conjoncture sanitaire, à savoir celle de chercher à parer en toute diligence au risque d'un marasme économique total. Un sombre scénario pouvant découler de la double mauvaise perspective d'un épuisement plus accéléré que prévu des réserves en devises et d'un maintien sur une période plus au moins longue des prix du pétrole à moins de 40 dollars.
S'il est peu aisé, en l'état actuel des choses, de fixer les remèdes efficients à prescrire contre les maux économiques en présence, il n'en demeure pas moins impératif d'éviter de fatales erreurs de diagnostic face aux risques majeurs qui pourraient compromettre jusqu'aux chances mêmes de reconstruire ce que la crise en cours ne manquera sans doute pas de détruire.
La première erreur à éviter en ce sens est de recommencer à croire que le salut de l'économie nationale pourrait encore venir de la rente du pétrole. Aucun accord de réduction de production pétrolière, de quelque nature qu'il soit, ne pourra en effet assurer la survie financière du pays dont le train de vie en l'état actuel de ses structures économiques nécessite un prix d'équilibre budgétaire d'au moins 100 dollars le baril.
Une possible amélioration des cours du brut qui résulterait du récent retour à la cohésion entre l'Opep et ses alliés permettrait à peine de rendre moins étroite la marge de man?uvre qui s'offre encore aux pouvoirs publics pour amorcer une démarche de gouvernance autre que celle de "croiser les doigts" face aux caprices de la conjoncture pétrolière.
Un nouveau modèle de croissance s'impose désormais à l'Algérie, non plus par opportunité ou simple choix politique, comme ce fut le cas quelques années en arrière, mais clairement par fatalité absolue et absence de toute autre alternative face au déclin irréversible du modèle pétrolier.
En effet, même une fois le Covid jugulé, le retour à la normale prendra sans doute du temps, tandis que la marge de man?uvre que représentent encore les 60 milliards de dollars de réserves de changes seront en bonne partie absorbés pour les besoins de gestion des effets de la pandémie.
À plus long terme ,la poursuite du déclin de la production pétrolière nationale, le tassement des investissements énergétiques en Algérie et à l'international et le boom à prévoir, non pas des hydrocarbures de schiste mais des énergies nouvelles, seront autant de mutations, déjà palpables aujourd'hui, et qui dans un proche avenir composeront la nouvelle réalité énergétique mondiale.
Aussi, des réformes autrement plus profondes que de simples actes administratifs de limitation des importations, d'aides publiques pour parer au plus pressant ou d'artifices éphémères de monétisation par la planche à billets sont aujourd'hui incontournables pour sauver l'économie.
Des réformes aussi fatidiques que douloureuses sont ainsi à concevoir en urgence pour permettre l'émergence d'un nouveau modèle de gouvernance et de croissance. Des ajustements qui appellent des sacrifices lourds et une solide cohésion sociale, d'où l'impératif pour les pouvoirs publics de consentir d'abord à un effort réel d'apaisement politique envers les forces vives du pays, à commencer surtout par celles nées du hirak.

Akli REZOUALI


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