Algérie

L'inévitable durcissement des mesures



Nouveau record dans le nombre de contaminations. La barre des 800 cas journaliers est dépassée. Les structures de santé ne seront bientôt plus en mesure de résister à la forte pression qu'elles subissent. Les pouvoirs publics ont fini par réagir en réajustant les horaires du couvre-feu et en rappelant l'impératif de respecter les mesures barrières. Ces mesures s'avéreront-elles suffisantes ' Des voix de l'intérieur même du comité scientifique appellent à leur durcissement et à la stricte application de celles déjà prises.Nawal Imés - Alger (Le Soir) - L'alerte est donnée depuis plusieurs jours déjà : la situation épidémiologique est inquiétante. Elle a poussé les pouvoirs publics à, encore une fois, réajuster les mesures devant permettre de limiter la propagation du coronavirus. Une fois de plus, c'est sur la modulation des horaires du confinement à domicile qu'agit le gouvernement.
Beaucoup d'observateurs préfèrent utiliser le terme de couvre-feu plutôt que celui de confinement qui impose beaucoup plus de restrictions de mouvement. Et pour cause, entre 5 heures du matin et 20 heures, les citoyens des wilayas concernées sont libres de leurs mouvements. Ils ne sont pas dans l'obligation de ne se déplacer que dans un rayon d'un kilomètre, encore moins de se munir d'une attestation justifiant leurs déplacements comme cela est fait dans beaucoup de pays. Faut-il en arriver lï Sans réclamer un confinement total, de nombreuses voix s'élèvent depuis quelques jours pour réclamer davantage de mesures restrictives. De l'intérieur même du comité scientifique chargé de l'évaluation de la pandémie, les appels à un durcissement se font insistants.
Le Pr Mahyaoui, poussant un véritable coup de gueule sur les ondes de la Radio nationale, a réclamé des mesures encore plus « draconiennes » pour faire face au relâchement constaté. Le
Pr Salim Nafti qui ne jure que par les vertus du confinement est également adepte de mesures encore plus sévères. Il pose, néanmoins, la problématique du strict respect de celles déjà prises. Depuis le mois de mai déjà, le port du masque est obligatoire dans l'espace public. La mesure est-elle appliquée ' Il suffit de regarder autour de soi pour constater que non. Lorsque le masque est porté, peu de personnes le font correctement. Le non-respect de cette mesure est pourtant passible d'amendes en vertu du décret exécutif signé au mois de mai dernier par le Premier ministre. L'article 17 dudit décret stipule que «les personnes enfreignant les mesures de confinement, de port du masque de protection, des règles de distanciation et de prévention et les dispositions du présent décret sont passibles de peines prévues par le code pénal».
Il y est fait référence à l'article 459 du code pénal dans sa section relative à l'ordre public qui stipule que «sont punis d'une amende de 10 000 à 20 000 dinars et peuvent l'être, en outre, de l'emprisonnement pendant trois jours au plus, ceux qui contreviennent aux décrets et arrêtés légalement pris par l'autorité administrative lorsque les infractions à ces textes ne sont pas réprimées par des dispositions spéciales». Combien de personnes ont été verbalisées pour n'avoir pas porté de masque dans l'espace public ' Pour le moment, seuls les automobilistes ne le portant pas à l'intérieur de leurs voitures sont inquiétés. Et Pour cause, estime le Pr Nafti, faire respecter des mesures suppose des moyens. Ont-ils été tous mobilisés à ce stade ' Probablement pas. Il suffit de voir comment les bus bondés circulent avec à l'intérieur des personnes ne portant pas de masques ou comment des cortèges de mariage sillonnent les villes alors que les rassemblements familiaux sont strictement interdits.
Des familles ont trouvé la parade : puisque les salles des fêtes sont fermées, elles louent tout simplement des étages de villas et rassemblent des dizaines de personnes pour célébrer mariages ou réussites au baccalauréat.
Dans les commerces, la situation n'est guère meilleure : passées les premières semaines durant lesquelles les commerçants faisaient respecter le port du masque et la distanciation physique de peur de la fermeture de leurs locaux, c'est le relâchement total. Pourtant, il est clairement dit dans le décret exécutif cité plus haut que «tout administration, établissement recevant le public, ainsi que toute personne assurant une activité de commerce ou de prestation de services, sous quelque forme que ce soit, sont tenues d'observer et de faire respecter l'obligation du port de masque de protection, par tous moyens, y compris en faisant appel à la force publique».
Sans plaider pour le tout répressif, le consensus pour un durcissement des mesures et un plus grand respect pour celles déjà prises est évident. Il se heurte, néanmoins, à l'équation difficile à résoudre et qui consiste à ne pas paralyser l'activité économique ni réduire à néant la vie sociale. Cela explique la frilosité des pouvoirs publics dès que l'éventualité de refermer les écoles ou les mosquées est évoquée. Pourtant, les spécialistes le répètent : «À ce stade, rien ne justifie de maintenir des activités non essentielles.»
N. I.


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