Algérie

L'inéluctable victoire diplomatique



L'inéluctable victoire diplomatique
Le projet de résolution palestinien portant sur la fin de l'occupation israélienne dans un délai maximum de deux ans pourrait passer au Conseil de sécurité à la fin de l'année, comme il pourrait être bloqué pour qu'il soit repoussé de quelques mois. Dans les deux cas, la victoire de la diplomatie palestinienne paraît inéluctable, comme les man?uvres des partisans du veto ont toutes les chances de faire faillite pour la raison simple que le monde est, aujourd'hui, plus que jamais convaincu qu'il doit s'acquitter au plus vite de sa dette morale et historique envers la Palestine. L'Union européenne veut aller vite. Les Etats-Unis veulent temporiser. Les diplomates américains recommandent aux Palestiniens de reporter pour après le 17 mars 2015 - date des élections générales en Israël - la présentation au Conseil de sécurité de leur projet. Trois mois peuvent paraître un temps dérisoire pour un problème qui dure depuis 67 ans. Par son conseil à Saëb Erekat, John Kerry affirme vouloir que toutes les chances soient réunies pour la « solution des deux Etats ». C'est cet argument qu'il a avancé, mardi à Londres, devant le négociateur palestinien. Puis à nouveau ce week-end quand, sans parler de veto, il a soufflé à une porte-parole la réponse qui ne choque pas : « Nous ne pouvons pas voter un tel document en l'état et tout de suite ». Or, dans le cas de la Palestine, tout peut se jouer sur un simple incident sur le terrain, et attendre c'est courir le risque d'une démotivation à l'échelle internationale. Les Etats-Unis veulent aussi que le projet palestinien qui est soutenu par l'Union européenne soit remanié, proposition que la diplomatie palestinienne n'a pas rejetée pour éviter le veto américain. Les Palestiniens ont, en revanche, de bonnes raisons de ne pas faire trop confiance au facteur temps que le secrétaire d'Etat américain croit indispensable pour « ne pas compliquer la situation sur le terrain ». Concrètement, John Kerry craint que la droite et l'extrême droite israéliennes exploitent l'adoption d'une résolution sur la création de l'Etat de Palestine pour gagner quelques sièges au Parlement et battre ainsi la coalition gauche-centre de Shimon Pères et Livni Tipzi qui est, en ce moment, légèrement en tête dans les sondages. Le négociateur en chef palestinien a fait observer au secrétaire d'Etat américain que « le moment n'est plus d'attendre mais d'agir », et il a totalement raison. Pourquoi ' Qui peut garantir, en effet, de quoi sera fait demain ' Les démocrates seront-ils toujours à la Maison Blanche dans deux ans ' Les républicains, amis d ?Israël, majoritaires dans les deux chambres, préparent déjà Bush cadet pour la Maison Blanche. On voit mal quelle place sera accordée à la Palestine sous une présidence conservatrice contrôlée par le lobby sioniste Aipac. Les Etats-Unis, médiateur partisan depuis 1967 dans le conflit israélo-arabe, ont toujours une guerre en cours ou en préparation. En 1991 c'était l ?Irak, puis l'Afghanistan en 2001 et de nouveau l'Irak en 2003. Aujourd ?hui c'est l'« Etat Islamique » et demain peut être un autre pays de l'« axe du mal ». Les gouvernements européens qui soutiennent la dynamique de reconnaissance de l'Etat de Palestine sont-ils assurés d'être encore au pourvoir en 2016 ou en 2017 ' Donc attendre c'est paralyser la dynamique en cours qui a mis Benyamin Netanyahu dans les cordes. Jamais depuis le partage scandaleux de la Palestine en 1947, la communauté internationale n'a paru aussi motivée et déterminée à s'acquitter de ses obligations morales, politiques et juridiques envers le peuple palestinien. Mahmoud Abbas a mis au point un projet qui fait consensus large autour de ces deux principes : la création de l'Etat de Palestine dans les frontières d'avant-la guerre de juin 1967 avec pour capitale la partie Est d'Al Qods. Les partisans du veto sont mis devant leurs responsabilités d'accepter ou de refuser ces principes auxquels ils ont eux-mêmes souscrit. Abou Mazen a donc vu juste le 29 novembre 2012 quand il avait négocié l'entrée de la Palestine à l'ONU même sous le statut d'observateur, en renonçant, dans l'immédiat, à demander le plein statut pour son pays. Deux ans après, il a réussi à piéger le droit de veto en plaçant la communauté internationale face à ses responsabilités.




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