Algérie

L'industrie pas au rendez-vous


L'industrie pas au rendez-vous
En cette période de vaches maigres, le temps ne joue pas en faveur du développement du secteur industriel.Des observateurs de la scène économique nationale s'attendait à ce que le secteur industriel apporte sa contribution à amortir l'impact de la chute importante des prix du baril sur les revenus financiers de l'Algérie. De deux façons. D'une part, il permet de réduire la facture des importations par la fabrication localement de produits auparavant importés. D'autre part, il est susceptible d'accroître de façon substantielle les exportations hors hydrocarbures. D'autant que le plan quinquennal 2010-2014 avait pour objectif de porter la part de ce secteur dans le PIB de 5% à 10%. Un objectif guère atteint, puisque cinq ans après la part de la branche est restée agrippée à ce niveau de 5%. Tout comme celui de porter la couverture des besoins nationaux en médicaments à 50-70% en 2014. Pourtant, ce programme avait affecté Une manne : une bonne portion de 20 milliards de dollars pour le renforcement des entreprises publiques et privées. Ces deux défis n'ayant pas été relevés, le gouvernement Sellal dans le cadre du programme présidentiel a décidé de les atteindre en 2019, sans toutefois diagnostiqué les raisons de ce double échec dont l'un des handicaps majeurs s'avère le peu d'écoute des gouvernants à l'égard des propositions des professionnels, des experts et des industriels concernés.Résultat des courses, le processus de désertification industrielle du pays entamée n'a pas été stoppé. L'Algérie importe presque tout de l'étranger. De manière plus approfondie, cette fragilité structurelle de l'économie nationale renvoie à trois faiblesses de la politique industrielle actuelle.Les trois faiblesses de la politique industrielle actuelle1. Une approche contestée"La politique industrielle actuelle s'articule sur le secteur public", analyse Farid Bourenani, spécialiste du domaine. Autrement dit, elle ne fait pas la part belle au secteur privé, alors qu'il reste prédominant dans la création de la valeur ajoutée et dans la création d'emplois. Cette politique poursuivie durant plus d'une décennie n'a pas porté ses fruits. Combien d'argent a été injecté dans les entreprises publiques sans résultat significatif sur le plan productif, sur le plan de la croissance, de la création d'emplois. L'Etat ne doit pas être un acteur dans la production de biens mais un régulateur, rappelle-t-il.Second reproche : la politique industrielle actuelle vise à ériger une industrie de substitution aux importations. "C'est très difficile de la mettre en ?uvre en ces temps de crise", ajoute Farid Bourenani. D'une part, cela demande du temps pour pouvoir l'ériger. D'autre part, en ce contexte de manque de ressources financières, il est difficile de financer ce grand chantier. La meilleure approche est l'intégration dans la chaîne de valeurs internationale, suggère Farid Bourenani (voir à ce sujet le point de vue de Smaïl Seghir en page 12). On ne peut fabriquer tout pour réduire les importations. On doit se développer dans des secteurs où on présente des avantages comparatifs. Il nous cite par exemple la pétrochimie. "On exporte le propane à 150 dollars la tonne. Si on produisait le polypropylène en Algérie à partir du propane, on pourrait exporter le produit fini à 9000 dollars la tonne", a-t-il ajouté. Le levier d'une approche industrielle plus efficace est le développement de la petite et moyenne entreprises. Les PME sont plus réactives, moins capitalistiques et sont créatrices d'emplois. Elles sont en d'autres termes plus appropriées en ces temps de crise. Encore faut-il que l'Etat encourage leur développement.2. Le timingLa volonté des pouvoirs publics est de réindustrialiser le pays. Mais la conjoncture actuelle, avec la chute drastique des recettes en devises, n'est pas favorable. Il faudrait être beaucoup plus imaginatif pour accélérer le processus.3. Un climat des affaires toujours très défavorableLe paradoxe est cette ambition officielle de muscler l'industrie du pays, alors que peu de progrès sont réalisés dans l'amélioration du climat des affaires du pays. C'est comme si on démarrait une voiture avec les freins serrés. En effet, beaucoup d'industriels se plaignent des blocages administratifs, de l'accès aux crédits, au foncier. Enfin, au bilan de la mise en ?uvre du plan anticrise, les actions du gouvernement ont surtout porté sur la réduction des importations et beaucoup moins sur le renforcement du secteur productif, le garant du développement durable du pays et, du coup, pouvant constituer un amortisseur non négligeable aux chocs extérieurs. Mais il ne peut jouer ce rôle rapidement. Il faut au moins trois à cinq ans pour recueillir les fruits de cet effort si on lance aujourd'hui le chantier avec au préalable une démarche beaucoup plus rationnelle.K. R.


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