La coupole du Club des Pins à Alger a vécu pendant deux jours au rythme des indépendances africaines. Des retrouvailles marquées par beaucoup d'émotion.
L'occasion en a été offerte par la célébration du cinquantième anniversaire de la résolution 1514 de l'ONU relative à l'octroi de l'indépendance aux peuples et territoires coloniaux. C'était le temps d'un bilan, une évocation, mais aussi une vision prospective puisque le processus de décolonisation est inachevé, sinon qu'il est entravé. Les participants à la rencontre d'Alger ont ainsi mis en évidence les situations imposées aux peuples palestinien et sahraoui, mais tous les intervenants se sont rejoints sur un point, encore qu'il n'y a jamais eu la moindre contradiction dans l'analyse du colonialisme. Tous sont convaincus que ces deux peuples, tout comme ceux des seize autres recensés par l'ONU comme cas à décoloniser, en sortiront victorieux. Les empires coloniaux se sont désintégrés suite à la lutte des peuples colonisés. Cela est une évidence tout comme celle qui consiste à rappeler que le colonialisme est le pire génocide que l'humanité ait connu.
D'aucuns et c'était l'un des thèmes majeurs de cette rencontre, ont aussi convenu de la pertinence de la 1514, en ce sens que le combat pour la libération est inachevé, et que ce même combat doit àªtre perçu dans un sens large. Tout d'abord que le combat prend d'autres formes, le rapport dominant-dominé n'ayant jamais disparu, et que ensuite, et là ce n'est que la conséquence logique, l'indépendance politique pourrait àªtre hypothéquée sinon remise en cause, si elle n'est pas portée par des fondements solides. En ce sens, l'ancienne ministre des Affaires étrangères du Vietnam, signataire des accords de paix de Paris en 1975, a préféré parler de cette dimension. Mme Nguyen Thi Binh a fait en effet une intervention remarquée en déclarant que «les indépendances doivent àªtre parachevées par un développement économique». Elle a ainsi cité le leader sud-africain Nelson Mandela qui déclarait que «la forme d'exploitation cynique est remplacée par une autre plus sournoise et plus subtile». Une problématique apparaît.
Quel est en effet le sens profond de la 1514 ' La libération est-elle une fin en soi si le droit à l'existence est rendu éphémère sinon qu'il risque de disparaître face aux plus forts ' L'universitaire chilien, Juan Pablo Cardenas, auteur d'une intervention pertinente sur le rapport entre médias et lutte de libération, a tout simplement parlé des fractures qui marquent les rapports internationaux, disant qu' «il y a de nouvelles formes de colonisation», et que «les grands pays sont en train de contrôler les autres» par les médias (Internet, télévision) ou économiquement, par la finance mondiale, et d'une manière générale, les échanges internationaux. Mais fwudrait-il constamment mettre en cause l'ennemi extérieur, il est vrai bien réel, quand on constate que de nombreux Etats n'ont pas su ou pu consolider leurs indépendances ' Certains leaders n'y ont vu que l'exercice du pouvoir et ce sont leurs sociétés respectives qui en ont payé le prix, par des privations de certains droits, de restriction de libertés. En un mot, absence de démocratie avec l'effacement des institutions. Pas de parti, sinon un seul, et surtout pas d'opposition. Pour se maintenir au pouvoir, il en est qui ne reculent devant rien, même les guerres, ou provoquer des fractures internes. Comme en Côte d'Ivoire actuellement, au Kenya très récemment, et même Kenneth Kaunda, le père de l'indépendance zambienne a vu son identité et sa nationalité remises en cause. Seule la démocratie qui assure la pérennité des institutions, avec l'alternance au pouvoir, et l'existence d'un contre-pouvoir, assure à la fois la paix, la liberté et le progrès. Cette règle n'a pas besoin de discours, et le droit à l'existence porté par la 1514, s'en trouvera conforté.                                              Â
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Posté Le : 15/12/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohammed Larbi
Source : www.elwatan.com