Algérie - A la une

L'indépendance n'est pas qu'un drapeau et un hymne



Sur le continent africain, l'indépendance de beaucoup de nations s'est réduite à avoir un drapeau et un hymne national. Une indépendance de cette sorte était inconcevable pour l'Algérie qui a arraché la sienne en 1962 au prix d'une guerre de libération sans pareille dans l'histoire du monde. Ce qui explique et justifie que les Algériens ont la réputation d'être extrêmement sourcilleux et réactifs au «quart de tour» s'agissant de questions touchant à la souveraineté nationale du pays.
Une vigilance qui a fait que l'Algérie s'est tenue à l'écart de ces ensembles politiques, économiques ou culturels que les anciennes puissances colonisatrices du continent ont échafaudés avec l'intention inavouée de conserver par leurs biais l'influence déterminante qu'elles exerçaient sur les nations africaines qui leur ont été soumises. Ombrageuse, l'Algérie a des décennies durant été à la pointe de ces forces africaines qui ont voulu en finir avec la relation néocolonialiste tissée entre ces puissances et leurs pays dans le cadre de ces ensembles préfabriqués avec la complicité intéressée des élites politiques dirigeantes de ces derniers.
En ce 50ème anniversaire de l'indépendance, l'Algérie officielle proclame toujours le même credo, à savoir qu'indépendance et souveraineté nationale sont indissociables. Dans les faits pourtant, il se démontre que cette Algérie officielle est de moins en moins pointilleuse sur la question. Elle en est à accepter des compromissions sur le principe au nom de l'interdépendance des Etats et des nations induite par la mondialisation. La réalité de ce «pragmatisme» a d'autres causes pourtant dont l'Algérie officielle ne convient pas. Celle notamment que les politiques de développement appliquées au pays font que l'Algérie de 2012 est plus vulnérable aux pressions et ingérences étrangères qu'elle ne l'a été dans les années 60 et 70 alors qu'elle était fraîchement indépendante. Des politiques qui la font aujourd'hui dépendre totalement de l'extérieur pour sa sécurité alimentaire. Une vulnérabilité qui rend dérisoire le discours souverainiste officiel, et s'en trouve aggravée par la rupture du lien de confiance entre l'Etat, ses dirigeants et les citoyens.
Si aujourd'hui le pouvoir en place a manifestement opté pour placer le pays à la remorque de certaines puissances étrangères, c'est par instinct de survie et peu lui importe qu'ainsi l'Algérie se retrouve dans la situation des Etats à indépendance formelle et à souveraineté limitée. En ce cinquantième anniversaire de l'indépendance, il n'y a pas motif à pavoiser sur la question de la souveraineté et la nation. Celle-ci est l'objet d'atteintes qui auraient paru insupportables aux primes années de cette indépendance. L'Algérie officielle fait front bas quand cela se produit. Posture que ne peut masquer son discours «patriotique» dont elle limite la portée à la consommation intérieure.
Cette régression en terme souverainiste a été inéluctable du moment que l'Algérie indépendante a par ses ratages créé les conditions qui l'obligent graduellement à passer sous les fourches caudines des puissances n'ayant jamais admis qu'elle soit parvenue à un moment à contrecarrer et parfois à mettre en échec leurs desseins hégémoniques sur le continent africain et bien au-delà car l'influence de l'Algérie se faisait sentir et agissante bien plus loin qu'en Afrique. Elle menace de s'aggraver au regard du largage de l'Algérie qui s'opère à travers ce nouvel ordre international qui se met en place sous la houlette des mondialistes dans lequel il n'y a pas place pour les «losers».


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