Algérie

«L'indépendance et la liberté des avocats ne sont pas négociables» Maître Abderrezak Chaoui. Avocat, membre du bâtonnat d'Alger



«L'indépendance et la liberté des avocats ne sont pas négociables»                                    Maître Abderrezak Chaoui. Avocat, membre du bâtonnat d'Alger

Les 15 bâtonnats d'Algérie ont décidé, les 14 et 15 octobre derniers, d'entrer dans la contestation. Au lendemain des trois jours d'arrêt de travail observés par les avocats, maître Abderrezak Chaoui, membre du bâtonnat d'Alger, revient sur le bilan de ce mouvement de protestation et sur les motifs qui ont poussé cette corporation à boycotter l'ensemble des audiences et autres procédures dévolues aux défenseurs.
- Quel premier bilan peut-on faire de ces trois jours d'arrêt de travail observé par les avocats '
Le mot d'ordre de boycott des audiences du 25 au 27 octobre a parfaitement été respectée. Le bâtonnat d'Alger a enregistré un taux de suivi de 100%.
Les échos que nous avons eus quant à la situation dans le reste du pays sont similaires ; et il n'y a pas eu d'hésitation de la part des autres bâtonnats. Même s'il y a une division entre les avocats qui exigent le retrait pur et simple du projet et ceux qui demandent un amendement de certains articles, la corporation adhère totalement au rejet de ce projet de loi régissant la profession.
Pour rappel, cette action de protestation a été décidée à l'unanimité à l'issue de l'assemblée générale du conseil de l'Union nationale des bâtonnats d'Algérie (UNB), les 14 et 15 octobre derniers à Béjaïa. Nous sommes très satisfaits des résultats en termes de médiatisation auprès du grand public, car notre mouvement de contestation vise l'instauration d'une justice au profit du respect du droit de la défense. Et dans ce sens, la priorité est le retrait de ce projet de loi.
- Les autres textes de loi sont-ils contraires à une justice indépendante et libre '
D'autres entraves existent. L'amendement du code de procédure civile est un autre combat que la corporation et la société civile doivent mener. D'ailleurs, les bâtonnats escomptent s'organiser afin d'exiger la révision de certains textes régissant ce secteur.
Tous les textes qui concernent le fonctionnement de la justice qu'il s'agisse des magistrats, des avocats, des auxiliaires de justice et des justiciables, doivent être révisés.
La justice ne peut pas être rendue sereinement et équitablement lorsque les magistrats ne sont pas indépendants, que les avocats ont la bouche cousue et qu'ils ont peur de se présenter au prétoire et de plaider, que les citoyens n'ont aucune confiance en ce système. La justice va très mal à tous les niveaux, et cela par incompétence, précipitation, pressions, corruption, manque de formation spécialisée et autres. A mon sens, l'unique solution est la tenue d'assises de la justice.
Les réformes de ce secteur ont été introduites trop tard car l'élaboration de nombreux textes charnières a pris trop de temps. Tout cela est dépassé. Nous devons tout discuter, tout repenser afin d'aboutir à des réformes, fruits de l'approbation des principaux concernés.

- Quelle suite sera donnée à ces trois jours de protestation '
Dans un premier temps, les bâtonnats vont faire le bilan et la synthèse de cette action.
Selon les retours d'écho et l'impact de ces journées, la suite des actions, sous cette forme de boycott ou autres, seront arrêtées. Une chose est cependant sûre : le bâtonnat d'Alger est décidé à continuer la protestation tant que ce projet de loi n'est pas discuté sérieusement, tant qu'un dialogue n'est pas ouvert, avec des propositions judicieuses.
Celles-ci doivent aller dans le sens des réformes promises, qui visent à libéraliser et à moderniser le pays. Mais il faut d'abord que les pouvoirs publics comprennent que l'indépendance et la liberté des avocats ne sont pas négociables et que l'ingérence du ministère et du pouvoir dans ce secteur est
inconcevable.




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