Algérie

L'indépendance de notre volonté



5 juillet 2010. Une journée normale, ou presque. Elle est chômée et payée sans être marquée. 48 ans après l'Indépendance, tout se passe comme si le souvenir de cette liesse populaire du 5 juillet 1962 s'était définitivement estompée. Une simple réminiscence d'un passé, certes glorieux, mais qui ne serait plus de mode'La ferveur populaire autour de ce repère décline inexorablement, au même titre que le moral national en berne depuis des années. Difficile pour un étranger de deviner, hier, que l'Algérie fêtait, théoriquement, son indépendance. C'était plutôt un « vendredi » avec des drapeaux en plus sur les grandes avenues. Pour les Algérois, ce fut un week-end prolongé, propice pour emmener les enfants à la plage en cette journée caniculaire, faute de pouvoir assister à des manifestations qui raviveraient le souvenir d'une épopée réduite, hélas, à une sordide récupération politicienne. Sous d'autres latitudes, la fête de l'indépendance est un moment de grande solennité dédiée à une introspection collective. La collectivité nationale ' l'Etat en tête ' range à l'occasion ses ranc'urs et rancunes et replonge dans ce passé glorieux pour en tirer d'utiles enseignements dans un élan de communion.Et, en l'occurrence, la question pour nous, Algériens, coule de source : sommes-nous véritablement indépendants en tant que citoyens d'un pays libéré depuis près d'un demi-siècle ' Nos réponses varieront autant que nos appréciations sur le parcours de Verts en Coupe du monde. Mais on aurait aimé, au moins, discuter, extérioriser, se défouler, dire ce qui ne tourne pas rond' Mais rien de tout cela ; indépendamment de notre volonté. Nous devrions pourtant demander aux harraga pourquoi ils veulent, à leurs risques et périls, replonger dans les bras de l'ex-puissance coloniale dont nous célébrons, sans fanfare, le départ. Nous devrions dire à ces responsables qui nous gouvernent pourquoi vous vous entêtez à vous enrichir sur le dos d'un peuple. Mais 48 ans après l'indépendance, le dialogue est rompu entre l'Algérie d'en haut et celle d'en bas. Le fait est que même la célébration de cette date symbolique est dévitalisée voire expédié. L'unique ENTV ressort, elle aussi, invariablement les disques rayés de Patrouille à l'Est ou l'Opium et le Bâton pour booster un patriotisme à deux sous. Un smig patriotique offert à la mémoire de ceux qui sont morts pour ce pays. Il suffit de faire un tour aux ambassades occidentales pour constater cette fierté débordante des autres quand il s'agit de célébrer leur patrie. Et, bien sûr, beaucoup de nos officiels qui se gargarisent de nationalisme incantatoire ne ratent jamais ce genre d'invitations. Il est pour le moins paradoxal de réclamer des excuses de l'ancienne puissance coloniale pour ses crimes quand on célèbre de manière aussi expéditive notre indépendance. Qu'en reste-t-il finalement dans l'imaginaire algérien ' Un beau souvenir '


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