Algérie

L'indépendance de la justice, pierre angulaire de l'Etat de droit Lenteurs et pressions retardent des procès que l'opinion publique attend



L'indépendance de la justice, pierre angulaire de l'Etat de droit Lenteurs et pressions retardent des procès que l'opinion publique attend
Par Abdelkrim Ghezali
Il est vain de croire que les Hommes sont justes de nature. De nature, l'humain est égoïste, violent et cupide. Seul un pacte social qui régit la cohabitation des communautés humaines peut modérer les tendances naturelles à la violence, à l'égoïsme et à la cupidité. Ce pacte social se traduit par une somme de lois et de règles qui régissent les relations publiques et sanctionnent les contrevenants. Donc, pour qu'une communauté puisse cohabiter ensemble dans la paix, la sécurité, l'harmonie et la confiance, il faut qu'elle ait des fondements légaux basés sur la justice et l'égalité de tous sans exception, face à cette même justice. L'existence de l'institution judicaire n'est pas une garantie de justice. Dans les pays totalitaires, l'institution judiciaire existe bel et bien et dispose de moyens infrastructurels, humains et financiers qui n'ont d'égal que l'arsenal juridique qui fonde et fait fonctionner le secteur. Sous les régimes totalitaires, la justice est inféodée, de fait, au pouvoir politique en raison de la structuration même de l'appareil judiciaire. La non-séparation des pouvoirs implique souvent des interférences et des immixtions de l'exécutif dans les prérogatives du législatif et du judicaire. Lorsque la carrière du juge et/ou du procureur dépend du bon vouloir de la chancellerie, ces derniers peuvent être tentés de céder à des pressions qui dénaturent une procédure judiciaire et dénaturent le verdict. En Algérie, le pouvoir judicaire est officiellement incarné par le Conseil supérieur de la magistrature présidé par le président de la République. Cependant, le fait que la chancellerie chapeaute les juges d'instruction et les procureurs de la République, affaiblit l'indépendance de la justice et ne favorise pas la célérité des procédures judiciaires et leur impartialité, aussi bien quand il s'agit d'affaires où de hauts responsables de l'Etat sont impliqués que quand il s'agit d'intervention pour maquiller ou pour vider une affaire de sa substance pour protéger une personne. Sous d'autres cieux où le souci de justice est réel, les juges et les procureurs sont élus par les contribuables afin qu'ils ne rendent compte qu'à leurs électeurs et leurs consciences. Les cas de procès bâclés, les parodies de justice, et les injustices sont légions. L'opinion publique algérienne ne fait pas confiance au pouvoir judiciaire qui, en dépit des déclarations d'intention et des discours officiels, reste inféodé au pouvoir exécutif et ne répond pas aux besoins de la société quant à ses revendications d'une justice juste, garante de l'Etat des droits, des libertés et de l'égalité de tous devant la justice. Les affaires de justice qui traînent et où sont impliquées des personnalités politiques ne favorisent pas la réconciliation entre citoyens et appareil judicaire. D'autant plus que les bouleversements qui se produisent à travers le monde arabe imposent à l'Algérie une marche forcée vers un Etat de droit dont la pierre angulaire est une justice indépendante qui n'obéit qu'à la loi.

A. G.
*Publié in La Tribune du 16-12-2011


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