Algérie

L'inculture au c'ur Arret sur image



Il y a comme une haine entre nos maires et la culture. Une haine qui ne dit pas son nom mais qui rappelle un aspect de l'éducation que l'on donne à nos enfants. Parler de danse, de musique ou de théâtre serait une hérésie ou un souci de riche. Une danseuse, fut-elle étoile comme une actrice, est mal vue dans nos contrées. Un peintre ou un chanteur est plus assimilé à un échec qu'à une réussite et, cela, quel que soit le talent.
Cette manière de voir et d'appréhender la chose culturelle est très répandue chez nos élus. Elle est, du reste, un avatar de la pensée islamiste. La gestion par le FIS des communes au début des années 1990 a consisté à fermer tout centre musical ou salle de cinéma. Le cultuel ne peut s'accommoder de la chose culturel, semblait nous dire les bienpensants.
Pourtant, les activités culturelles permettent à des générations d'aimer autant le bien que le beau. Mais les préoccupations ou l'image de «sérieux» que veulent se donner les élus les empêchent de consacrer une infime part à la culture. Un manquement sérieux pour des gens qui passent leur temps à chercher un bon film pour la soirée ou un beau tableau à accrocher au bureau.
Cette image de sérieux qui s'oppose à la joie de vivre et de bienêtre pousse bien des jeunes dans des voies que la loi réprouve. Ces maires et walis, pensant que la culture n'étant pas une urgence, oublient que l'art n'est pas un luxe. Des bergers-troubadours ont laissé des poèmes pour la postérité, des érudits ont laissé livres et pièces de théâtre. Les adorateurs des belles-lettres s'en émerveillent encore et encore mais pas nos élus.
Faut-il croire qu'ils sont occupés à régler les problèmes de leurs administrés ' Ou alors que leurs finances ne leur permettent pas de créer des espaces pour la culture ' Rien de tout cela ,en fait. Ils se construisent une image dont personne ne se rappellera. Il est bon, parfois, de se souvenir que l'austère Houari Boumediene avait la culture au c'ur. Il savait que la grandeur d'une nation passe,d'abord, par sa culture.
Hélas ! les bibliothèques communales ont disparu et celles qui restent se sont transformées en salles de révision pour les élèves. Le conservatoire (musical) n'est plus pris en charge par les communes alors que les associations ne trouvent que des mécènes pour acquérir leurs instruments. Toute activité dédiée à la jeunesse est bannie des programmes et de l'action de la commune.
A cause de l'abandon et du reniement, la jeunesse algérienne se retrouve à consommer une cyberculture faite de tout et de rien. Le cybercafé est devenu le seul endroit où les jeunes peuvent écouter de la musique, lire et écrire. On consomme de la culture comme on consomme de la pomme de terre.
L'inculture de nos politiques transforme nos communes en désert culturel. Elle permet à des charlatans d'introduire les pires inepties dans des cerveaux en fomation. Nous avions perdu notre identité ; grâce à nos maires, nous sommes en passe de perdre notre musique, notre littérature. Pour se construire une image de sérieux, nos maires déconstruisent un pays.
A. E.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)