Algérie

L'incroyable immobilité nationale



L'incroyable immobilité nationale
Hier s'ouvrait la session d'automne du Parlement. Puis le changement de gouvernement a été annoncé. Celui-ci ne pourra qu'expédier les questions organiques et procédurales avant de suspendre ses travaux, en attendant que le nouvel Exécutif lui prépare la matière à voter.
Il est plus que significatif que six ministres de l'actuel gouvernement prennent place dans l'hémicycle avant d'être remplacés dans leur portefeuille vacant depuis quatre mois qu'ils ont été élus à l'APN.
Le septième portefeuille attendait depuis plus longtemps. Le gouvernement n'a pas 'pu", non plus, démissionner dans de raisonnables délais pour laisser place à l'expression exécutive de la nouvelle donne parlementaire et le Conseil des ministres ne s'est pas réuni pour évaluer la consultation du 10 mai. La Commission d'observation et l'ambassadrice de l'Union européenne l'ont fait pour nous et il paraît que nous sommes sur la bonne voie. Mais cela ne devrait pas nous dispenser de procéder à notre propre appréciation.
Le nouveau Conseil de gouvernement fera à son tour sa rentrée en planchant sur la loi de finances pour 2013 et les 'élections du 29 novembre", thème de substitution au débat sur la grave situation socioéconomique et politique du pays. Cela fait un moment qu'on attendait le nouveau gouvernement, 'Pénélope collective", aidés, dans notre patiente espérance, par la machine à donner l'illusion d'une activité institutionnelle.
Premier signe de panne nationale que la mise sur pied d'un nouvel Exécutif dont le nouveau devra nous délivrer : le rituel cycle informel d'auto-évaluation sectorielle du Ramadhan n'a pas pu se dérouler. Autre signe : le blocage fonctionnel semble avoir touché le système judiciaire aussi. Pas de mouvement annuel des magistrats, paraît-il, faute de réunion du Conseil national de la magistrature.
Une fois la loi de finances 'de précaution" apprêtée, le gouvernement abordera la question de l'organisation des élections prochaines. D'une élection à l'autre, l'Etat aura fait le pont, ne laissant en alerte estivale que quelques fonctions de veille pour réprimer les manifestations de 'gardes communaux" et réagir aux coupures d'électricité. Unique fait encourageant, l'armée aussi est restée sur le pied de guerre avec des résultats qui rassurent : la 'réconciliation nationale" n'a pas altéré tous les ressorts d'autodéfense de la République.
En cette rentrée, les élections locales seront prioritaires dans tous les ordres du jour officiel, malgré les classes de lycées qui manquent, les prix qui grimpent, les routes qui tuent, les fonctionnaires qui revendiquent. Les chefs de parti, revenus de vacances, se pointent déjà pour jauger leurs chances de quota de communes.
Ils n'auront pas vu l'électricité qui se coupe, le couffin qui flambe, les forêts qui brûlent... Ils ne voient que les avantages et les inconvénients de la note éliminatoire de 5 ou 7% aux prochaines locales !
Le pays semble vivre par les élections et pour les élections. Des élections qui pourtant n'engagent plus les citoyens et ne mobilisent plus que les candidats. Et qui ne suffisent pas à masquer l'inquiétant état d'obstruction nationale.
M. H.
PS : C'est par erreur que nous avons (re)publié, dans l'édition d'hier, une chronique parue le 26 juin 2012.
Que nos lecteurs nous en excusent.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)