L'inconscience de soi

Dans le domaine extérieur, on ne peut pas ne pas apprécier la position officielle algérienne, non-intervention, respect de la souveraineté des autres et recherche de solutions pacifiques aux conflits.C'est tout à l'honneur de la vieille diplomatie d'Alger, forgée pendant la guerre d'indépendance et qui connaît si bien les douloureuses conséquences des affrontements. Mais pourquoi ces nobles principes ne sont-ils pas appliqués à l'intérieur ' Pourquoi mettre en prison des militants progressistes comme ceux de Laghouat ou Ouargla ' Pourquoi interdire des réunions de l'opposition, comme celle de la CNLTD ' Pourquoi ne pas chercher des solutions politiques avec tout le monde, d'autant que le régime a montré son incapacité dans les domaines socioéconomiques et politiques à réduire les fractures et à apporter du progrès ' Pour le sociologue Youcef Bilka, l'Algérie officielle a autant de respect pour les gouvernements étrangers qu'elle a de mépris pour ses propres concitoyens, considérés comme des indus occupants sur leur propre terre.Ce qui explique, selon l'historienne Ouma Peridot, que les Algériens ne soient jamais consultés sur les décisions prises au sommet. Haine de soi, pour la psychanalyste Sabrina Mandarine, propagée par des dirigeants d'extraction difficile, avec toutes les revanches à prendre non pas sur l'histoire mais sur ses propres concitoyens qu'il a fallu écraser et mépriser pour monter dans la hiérarchie.Pour le thermodynamicien Athmane Barça, c'est simplement une loi de l'entropie, un système fermé qui recycle en permanence son énergie, d'où la nécessité d'en récupérer à l'extérieur, ce qui explique cette attraction docile pour l'extérieur et le mépris pour l'intérieur, où l'air vicié étouffe tout le monde.On pourrait demander à ces quatre experts de participer à la construction nationale sur le modèle Fikra ou Nabni. Mais ils ne veulent pas sortir de facebook.