Algérie

L'inconcevable dépendance alimentaire



L'inconcevable dépendance alimentaire
La facture alimentaire de l'Algérie en constante augmentation a vu son volume tripler au cours de la dernière décennie. Selon les chiffres disponibles, l'Algérie a importé en 2012 pour 8,98 milliards de dollars de biens alimentaires (ce qui représente 19% du volume global des importations pour l'année considérée, soit 46,80 milliards USD). Cela se traduit par le fait inconcevable que l'Algérie est devenue dépendante de l'importation tous azimuts. Loin de s'améliorer, la situation a en fait empiré par la concomitance de l'importance de la population (37.900.000 habitants en janvier 2013, selon l'ONS) d'une part, de la hausse des prix de la production agroalimentaire à l'international, d'autre part. En effet, la question alimentaire est devenue un problème universel quand le monde n'arrive plus à subvenir aux besoins de la population de la planète. C'est encore plus vrai pour l'hémisphère Sud où se situe la majorité des terres arides. C'est le cas, singulièrement, d'un pays comme l'Algérie dont moins de 20% de la superficie est arable concentrée, en sus, dans la partie côtière du nord du pays. Or, le peu de terres cultivables sont soit laissées en jachère, surexploitées, ou encore mal exploitées les rendant improductives et sans profit pour la communauté. Aujourd'hui se pose le dilemme d'une agriculture qui ne nourrit plus son monde. Nous sommes quasiment dans ce cas de figure lorsque la production agricole en Algérie est loin de couvrir les besoins du pays. Le mal remonte à loin, sûrement à une révolution agraire mal pensée et en particulier mal conduite qui a fait des fellahs de simples fonctionnaires rétribués, plus soucieux d'une carrière que réellement intéressés à travailler la terre avec toutes les contraintes et servitudes que cela suppose. Une terre qui a été un grenier à blé, produisant différentes espèces de fruits et légumes, peut-elle devenir stérile du jour au lendemain' Agriculteur est un rude métier qui demande de la volonté, de l'endurance et de l'abnégation. Toutes ces qualités semblent absentes chez nos paysans devenus par la grâce de la révolution agraire des employés d'organismes étatiques. Le résultat est que, au fil des années, la production agricole a connu une réduction préjudiciable. La nationalisation des terres agricoles, corollaire de la révolution agraire, a de fait accentué davantage la rupture du rapport à l'acte agricole, quand en parallèle, la bureaucratie, la désorganisation du circuit agricole ont réduit les dernières volontés paysannes, asphyxiant toute velléité à travailler la terre. Les expériences (villages agricoles, entreprises agraires collectives) tentées pour rentabiliser la production agroalimentaire ont de la sorte toutes échoué. Il est évident que l'intention au départ était bonne, qui consistait à donner un accès plus équitable à la terre, par l'élimination de la concentration foncière et partant - outre, réduire la pauvreté - pourvoir aux besoins alimentaires du pays. Il était question de promouvoir le développement rural par l'encouragement de l'agriculture familiale. Au final, on a pris aux uns pour donner aux autres, généralement peu qualifiés pour le métier d'agriculteur, outre le fait que les terres agricoles déjà limitées, se sont vu envahir par le béton réduisant d'autant les surfaces des terres productives dont dispose le pays. C'était là en fait une véritable tragédie pour l'Algérie incapable de produire à suffisance pour nourrir ses enfants. Il y eut l'expérience prometteuse et réussie des tomates d'Adrar qui montraient que le Sud pouvait constituer l'alternative - avec le travail et moins de contraintes administratives - et devenir un paradis agricole, permettant au pays d'atteindre à son autosuffisance alimentaire. Toutefois, un mystère subsiste: pourquoi cette expérience qui commençait à porter ses fruits a-t-elle été interrompue' Est-ce encore un problème de bureaucratie qui a fait tourner court une pratique unique en Algérie' Au final, l'Algérie est aujourd'hui une importatrice net de ses besoins agroalimentaires. En vérité, l'Algérie n'a pas su passer de la révolution agraire - partage équitable des terres - à la révolution agricole, avec tout ce que cela sous-entendait comme modernisation de l'outil et du travail agricoles. Une révolution manquée qui a mis en porte-à-faux le pays. De même que le passage à l'économie de marché n'a pas rétabli l'agriculteur algérien dans son juste milieu et l'agriculture dans le contexte qui est le sien. Avec au final, une Algérie dépendante de l'importation pour se nourrir.


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