Algérie

L'incertitude est de mise



Il y a moins d'un mois à peine, l'euphorie de la reprise était quasi générale partout dans les pays locomotives de l'économie mondiale. Mais, depuis quelques jours, place nette est faite au doute, à l'inquiétude comme c'est le cas en Europe, chez les principaux partenaires des opérateurs économiques algériens.L'inquiétude qui gagne petit à petit le monde des affaires est illustrée par la pénible journée de jeudi dernier. Les investisseurs de par le monde, craignant que la recrudescence de l'épidémie ne remette en cause la reprise de l'économie mondiale au deuxième semestre, ont assisté plutôt à un important recul de toutes les places boursières. Ainsi, Euro Stoxx 50, l'indice paneuropéen, a perdu 2,13% au moment où à New York, les principaux indices américains voguaient dans le rouge.
«Les marchés s'étaient projetés dans un monde post-pandémique grâce à l'avancée des campagnes de vaccination, mais la recrudescence de l'épidémie liée au variant Delta a remis en cause leurs certitudes», expliquait un analyste dans des propos rapportés par une publication française spécialisée, hier. Pour l'autre partenaire majeur de l'économie algérienne, la Chine en l'occurrence, les investisseurs commencent à voir transparaître les signes d'un ralentissement plus important qu'attendu de la croissance chinoise. Le variant Delta a des effets très divers de par le monde, mais l'inquiétude qu'il suscite incite, dans beaucoup de pays, à la revue des scénarios dédiés à la reprise économique.
En fait, le variant Delta est là, mais ne sont débordés que les services des soins des seuls pays où le taux de vaccination est inférieur au déjà petit 20%. Des pays qui comptent sur la carte économique du monde, à l'instar de la Russie et de l'Afrique du Sud.
Une flambée des contaminations qui, malgré tout, ne trouble pas plus que ce que l'on pouvait attendre des pays, à l'instar des Etats-Unis où la moitié des 14 000 cas enregistrés quotidiennement le sont par le variant Delta et où le nombre des décès est 12 fois moindre que ce qu'il était en janvier-février, 250 décès en moyenne actuellement. Idem pour la Grande-Bretagne où les restrictions ont été levées malgré la flambée des cas de ces derniers jours, comme c'était le cas jeudi dernier avec plus de 32 000 contaminations. De nouvelles donnes qui impactent évidemment la situation sur le plan économique au point des avis tranchés sur la reprise, d'il y a quelques mois, on est passé à des opinions beaucoup plus empreintes d'incertitude. «Au cours des prochains mois, le variant Delta a le potentiel de ralentir, voire d'inverser l'assouplissement des mesures sanitaires, ce qui retarderait davantage la reprise», estiment, par exemple, les analystes de Citibank qui n'écartent pas, donc, un raffermissement des mesures de prévention, mais pas jusqu'au confinement intégral qui a mis le monde à genoux.
En définitive, pour la plupart des analystes, le problème se pose surtout pour les pays émergents, dont la couverture vaccinale est bien moindre. Des pays pour lesquels l'OMS émet toutes les inquiétudes, des pays où «plus un virus se transmet, plus il a des chances de muter et de donner naissance à de nouvelles souches». Un état des lieux qui a suscité un nouvel avertissement de l'OMS stipulant que «la combinaison entre des variants plus transmissibles, une mixité sociale croissante, une couverture vaccinale sous-optimale et un relâchement des mesures sanitaires et sociales [...] retardera la fin de la pandémie».
Ainsi, c'est la remise en cause de la relance économique qui prend forme et bien des chaînes de valeurs en pâtiront. Des chaînes de valeurs dans de nombreux secteurs et branches d'activités dans lesquelles l'Algérie est un des maillons. Si d'aventure, il arrive que l'Algérie fasse, par exemple, défaut sur le marché mondial du blé, c'est toute une chaîne de valeurs qui s'en ressentira ; les contrecoups de la défection des dollars consacrés par l'Algérie au marché du blé auront un impact dans plusieurs pays, liés les uns aux autres par ce marché comme pour d'autres. C'est dire donc si dans les pays développés la machine économique toussote, le reste du monde ne s'en portera pas mieux. Et inversement, si dans les pays émergents et les économies en transition, la machine économique ralentit, les répercussions parviendront dans les économies avancées.
Azedine Maktour


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