Algérie

L'Imzad, le combat d'une vie



L'Imzad, le combat d'une vie
Rencontré au siège de l'Office du parc national (OPNT) en marge de la 5e fête annuelle de la S'beiba, Dida Badi, chercheur en anthropologie au Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH) d'Alger, nous a accordé cet entretien sur son expérience dans le sauvetage, la revivification et l'inscription du patrimoine culturel immatériel, l'Imzad, sur la liste du patrimoine culturel immatériel mondial de l'humanité établie par l'Unesco.- L'Imzad est donc enfin sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité...Il y a eu trois étapes capitales, la 1re est la prise de conscience, le constat que l'Imzad est en train de disparaître, qu'il n'est plus pratiqué dans son contexte traditionnel. En 2000, il n'y avait plus que deux femmes à le jouer lors des festivités, à savoir Terza de Djanet et Kaoula de Tamanrasset.La 2e étape fut le passage à l'action, on a fait le recensement des femmes qui détiennent encore ce savoir-faire et peuvent l'identifier, on les a réunies dans un 1er concours national de l'Imzad, organisé en marge du premier Festival international de la musique de l'Imzad, en octobre 2002 à Djanet, et ce, en présence de 120 personnalités importantes, à leur tête l'ancien chef de gouvernement, Smaïl Hamdani, et l'ambassadeur de l'Union européenne et la ministre de la Culture, et c'est à partir de là que la presse algérienne a découvert l'Imzad qui est passé pour la 1re fois dans un spot publicitaire à la télévision algérienne.- C'était le point de départ vers la mondialisation...Oui, le concours était organisé autour d'une thématique qui consistait à sélectionner les meilleures femmes pour valoriser leur savoir-faire, d'où la 3e étape où on a créé des ateliers d'apprentissage pour la transmission de ce savoir-faire, le jury était composé de 3 personnes, à savoir Terza et Khaoula, ainsi que le directeur de la culture de la wilaya de Tamanrasset de l'époque. Le 1er prix est revenu à la défunte Aïcha Zegri, de Bordj El Haouès, et Intarabine Shtima de Tamanrasset, qui a créé une école de l'Imzad.- Comment avez-vous assuré le suivi de ces écoles 'Grâce à des ateliers d'apprentissage ici à Djanet, à la cité de Zelouaz et In Abaghbagh, avec le financement du ministère de la Culture, où les femmes étaient payées et les apprenantes avaient une bourse d'études. Leur apprentissage se faisait chez les femmes avec des évaluations trimestrielles, ce qui a permis de former 12 filles.Cette expérience a fait l'objet d'une observation scientifique qui a abouti à un livre intitulé Imzad, Une musique millénaire de l'Algérie, ce livre a eu le prix du meilleur livre sur le patrimoine à la 13e édition du Salon international du livre d'Alger (SILA) en 2008, puis on a fait un recueil complet sur la musique de l'Imzad avec l'Office national des droits d'auteur (ONDA) et en parallèle on a consacré des émissions à la Radio algérienne sur l'Imzad durant toute l'année pour permettre à un large public de connaître l'Imzad. Et par la suite, on a réalisé un film documentaire sur l'Imzad, puis on a finalisé le dossier d'inscription de l'Imzad au patrimoine culturel de l'humanité.- Et quand est-ce que l'Imzad est devenu un patrimoine mondial 'On a préparé un dossier international au nom de l'Algérie, du Mali et du Niger, ce qui est différent des autres dossiers nationaux puisqu'il fallait avoir l'adhésion des Etats étrangers. C'était le ministère algérien de la Culture qui a pris cette initiative au nom de ces Etats, et on a fait des ateliers entre les experts des pays concernés, puis le dossier a été déposé au nom du ministère algérien de la Culture.L'Imzad a été adopté par l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco), lors du comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel, qui a tenu sa 8e session à Bakou, en Azerbaïdjan, en décembre 2013. Et maintenant, on attend la suite de la promotion de l'Imzad parce qu'il ne suffit pas d'être inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité, c'est vrai que c'est une fierté, mais c'est aussi une responsabilité.




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