Algérie

L'improbable neutralité de l'administration



L'improbable neutralité de l'administration
Décidément l'élection présidentielle 2014 est atypique à plus d'un titre. En sus des candidatures enregistrées pour le rendez-vous du 17 avril prochain, l'exécutif, plus précisément certains de ses membres vont d'ores et déjà plus vite que la musique.Bien avant le lancement officiel de la campagne, prévu pour le 23 marsprochain, ils se sont érigés en porte-voix d'un candidat. Pas une seule occasion ne passe sans être rentabilisée pour défendre leur postulant à la magistrature suprême. Une posture qui va à contresens de la directive du chef de l'Etat en date du 20 février dernier. Dans ce message lu en son nom par le ministre de la Justice, M. Tayeb Louh, le président de la République, et néanmoins candidatà la présidentielle d'avril prochain, réaffirme l'obligation de l'administration à observer la neutralité la plus totale.Dans les faits, il n'en est rien. Cette administration, représentée aux yeux des Algériens d'abord par les membres du gouvernement, ne s'encombre point de ce devoir. Certains membres de l'exécutif à l'instar de Amara Benyounès, ministre de l'Industrie et chef du Mouvement populaire algérien (MPA), ne rate pas une tribune sans faire l'éloge du président-candidat. Une conduite épousée par son collègue aux Transports et président du Tajamou' Amal Al jazair (Taj), Amar Ghoul.Les deux formations politiques avaient rallié l'alliance qui s'est faite autour de la candidature du président sortant et appelé leurs militants à soutenir la candidature du chef de l'Etat pour une quatrième mandature. Si les appels partisans s'inscrivent dans la liberté des formations politiques à contracter des alliances avec le candidat qui les représente le mieux, les membres du gouvernement, eux, sont tenus en période électorale, à ne veiller qu'au bon fonctionnement de leurs secteurs.La violation de la directive présidentielle ne se limite pas à ces deux responsables. Le président de la Commission nationale de préparation de l'élection présidentielle est le Premier ministre Abdelmalek Sellal. A ce titre, le chef de l'exécutif doit être le juge qui veille à l'impartialité absolue del'administration. Il n'en est rien. Le Premier ministre est, vraisemblablement, le porte-parole attitré du candidatconvalescent incapable à ce jour de faire de longues apparitions publiques.Le Premier ministre et président de la structure qui devrait veiller au bon déroulement du scrutin du 17 avril prochain, c'est selon, ne s'embarrasse nullement pour défendre le candidat président. La «voix» du seigneur étant impénétrable, c'est son «prophète» Abdelmalek Sellal, qui se qui fait l'écho de ses volontés. Singulièrement, c'est le Premier ministre et président de la commission nationale de préparation de l'élection présidentielle qui a annoncé un certain 22 février la candidature de Abdelaziz Bouteflika dont il a assuré à deux reprises la direction de campagne en 2004 et en 2009.Une annonce faite en marge d'un séminaire international consacré à l'économie verte. Profitant de la conférence de presse qui devait suivre l'ouverture des travaux, M. Sellal y fera l'annonce officielle de la candidature du président sortant.Une maladresse qui n'a pas été rattrapée par la suite. A l'ouverture de la session de printemps du Parlement, le Premier ministre a défendu la volonté de «son» candidat, puisqu'il ne s'en cache pas, à rempiler pour un quatrième mandat. Si Abdelmalek Sellal, est partisan du candidat Bouteflika, et c'est son droit le plus absolu, il ne peut être à la tête de la commission de surveillance des élections. On ne peut en aucun cas être juge et partie à la fois. Cette impartialité exigée que le Premier ministre a omis de respecter tout au long du périple qui l'a conduit aux quatre coins du pays. Ces visites de travail qu'il a effectué dans 48 wilayas ont permis à Sellal d'user des tribunes que lui offraient ses rencontres avec la société civile pour faire l'éloge des trois précédents mandats de son candidat et de «ses» réalisations.Il en est de même pour le président du Conseil de la nation. Son euphorie à l'ouverture de la session de printemps du Parlement lui a, vraisemblablement, fait tourner la tête. M. Bensalah a tout bonnement perdu la notion de l'endroit et de la tribune à partir de laquelle il s'exprimait. Oubliant qu'il n'était pas dans un meeting politique de son parti le Rassemblement national démocratique (RND), il s'est permis d'user d'un ton menaçant à l'encontre des opposants au quatrième mandat. La présidence du Conseil de la nation impose, toute de même, de la retenue, de la sagesse et de l'impartialité.Certes le Premier ministre, à l'instar des autres responsables, sont libres, au même titre que n'importe quel autre citoyen algérien de choisir leur candidat, mais ils ne peuvent en aucun cas profiter des tribunes que leur offrent les postes qu'ils occupent, pour distiller leur discours.Un minimum d'étique et de morale politique inciterait ces responsables, incapables de faire la part des choses, à se démettre de leurs postes pour rallier la direction de campagne du candidat pour qui ils sont déjà en campagne depuis des mois.Un gouvernement de technocrates se chargera aisément de gérer les affaires courantes du pays jusqu'au lendemain du 17 avril.G. H.




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