Algérie

L'impératif d'éviter les excès



Le recours au financement monétaire pour relancer l'économie suscite des appréhensions quant au respect du plafonnement des montants à tirer et à la nécessité de contenir l'inflation.La Banque d'Algérie a présenté la semaine dernière un nouveau plan de financement monétaire censé remettre à flot les banques de la place et redynamiser l'activité crédit au profit des entreprises et de la croissance. C'est un programme spécial de refinancement, dont la durée est fixée à une année, à compter du 1er juillet 2021.
"Il vient en soutien au programme de relance de l'économie nationale", précise la Banque centrale dans son règlement. Ce plan consiste à émettre 2 100 milliards de dinars, un montant quasi identique à celui recommandé en 2017 par la task force qui conseillait le gouvernement Sellal sur la mise en ?uvre du dispositif de financement "non conventionnel", dit de planche à billets.
Le gouvernement Sellal et ceux qui lui ont succédé en cette période avaient ensuite cassé la tirelire, imprimant le triple de ce qui a été prévu ; le montant total émis dépassant les 6 500 milliards de dinars. Les précédents gouvernements devaient arbitrer avec des réformes budgétaires et économiques adossées au financement "non conventionnels", lesquels ajustements n'ont jamais vu le jour, aggravant l'effet pervers de la planche à billets.
Le nouveau programme de refinancement mis en place par l'autorité monétaire, censé aider les banques à reprendre pied sur le marché du crédit, serait destiné à financer la croissance, adossé ainsi à des arbitrages en matière d'allocation des ressources.
Les quelques 6 500 milliards de dinars produits au titre du précédent programme ont été affectés au remboursement des dettes de l'Etat à hauteur de 78,5%.
Piloté cette fois-ci par le Comité des opérations de politique monétaire de la Banque d'Algérie, le nouveau programme s'inscrit dans un contexte de plus en plus préoccupant, l'ex-Premier ministre Abdelaziz Djerad, reconnaissant sans détours la difficulté de mobiliser les ressources financières, alors que l'inflation repart au galop et que le pouvoir d'achat des entreprises et des ménages se lézarde, sur fond de préparation compliquée du budget 2022.
Le retour au financement monétaire de l'économie, de surcroît confronté à d'importants problèmes d'ordre structurel, peut faire peser des risques considérables sur les perspectives économiques.
Si cette option peut offrir un répit de courte durée à l'économie, dans une conjoncture où la mobilisation des ressources "conventionnelles" s'avère difficile, elle serait de nature à exacerber les déséquilibres budgétaires et extérieurs, d'alimenter les tensions inflationnistes, d'accélérer la fonte des réserves de change et d'aggraver les risques pour la stabilité financière.
Face aux limites de l'option monétaire, l'Exécutif est sérieusement interpellé sur l'impératif de mobiliser davantage de recettes hors hydrocarbures, d'améliorer l'efficience et la gestion des dépenses publiques et d'entamer, sans délai, une large réforme budgétaire et économique de nature à libérer le potentiel de croissance, de réduire le poids des subventions, d'améliorer l'offre interne en biens et services et rétablir, par-dessus tout, la viabilité des comptes extérieurs.

Ali TITOUCHE


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