Christopher Ross, envoyé personnel du secrétaire général de l'Onu pour le
Sahara Occidental, broie du noir. Les négociations sont dans l'impasse et il
serait inutile d'en convoquer d'autres si les parties ne changent pas
d'attitude.
Dix-neuf mois après avoir remplacé le très partial Van Walsum, le
diplomate américain fait un constat prévisible d'impasse et sollicite l'aide du
groupe des «pays amis» qui suivent le dossier du Sahara pour débloquer la
situation. Selon le journal espagnol El Pais, Christopher Ross a adressé, fin
juin dernier, un courrier au groupe des cinq pays dits «amis» (Etats-Unis,
Russie, Grande-Bretagne, Espagne et France), constatant que les deux parties
n'ont pas la «volonté politique d'engager de véritables négociations». Le
diplomate affirme ne pas parvenir à leur faire changer de position et sollicite
le «soutien spécifique du Conseil de sécurité de l'ONU et du Groupe des amis».
Un proche de Ban Ki-Moon, cité par El Pais, y voit un «appel à l'aide à Paris,
Madrid et Washington». Mais pour faire pression sur qui ? Selon le journal
espagnol, Christopher s'est rendu dans les cinq «pays amis» et a constaté dans
sa missive confidentielle que l'impasse est imputable aux deux parties tout en
notant une intransigeance particulière du Maroc. Christopher Ross indique que
le Front Polisario a fait preuve d'une certaine flexibilité contrairement au
Maroc. En février, à New York, indique-t-il, «le Front Polisario a fait une
esquisse modeste de ce qui pouvait être une négociation authentique après avoir
exploré avec le Maroc certains aspects spécifiques de sa dernière proposition
d'autonomie. Par contre, le «Maroc a décliné pour sa part d'explorer la
proposition du Polisario. En conséquence, ce dernier s'est refusé à continuer».
Selon le journal espagnol, un haut fonctionnaire du département d'Etat
américain a reçu pour la première fois la délégation sahraouie pour la
remercier de sa «flexibilité». Christopher Ross, contrairement à Van Walsum,
refuse d'afficher une préférence pour le plan d'autonomie marocain soutenu par
les pays occidentaux. Il insiste de ce fait, contrairement à son prédécesseur,
que le Maroc accepte de débattre de la proposition de référendum
d'autodétermination et respecte les droits de l'homme dans les territoires
sahraouis.
La crédibilité de l'Onu en jeu
Ross indique avoir expliqué aux Marocains que s'ils veulent amener le
Polisario à accepter le plan d'autonomie, ils doivent démontrer leurs «bonnes
intentions» en respectant les droits des militants indépendantistes au «lieu de
limiter leur liberté de mouvement et d'expression». L'envoyé spécial de l'Onu
considère que le statu quo est inacceptable et met en garde contre une
radicalisation des jeunes sahraouis. Il évoque ainsi le risque accru d'une
«aventure militaire ou paramilitaire» alors que la diplomatie ne donne pas de
résultats. Les deux parties, a-t-il indiqué dans sa lettre, doivent trouver les
voies «pour examiner et discuter des propositions de l'autre» de manière plus
approfondie qu'elles ne l'ont fait à Westchester County. «Examiner et discuter»
ces propositions ne «signifie pas les accepter» mais montre un respect pour
l'autre partie. Pour Christopher Ross, si les deux parties ne sont pas
disposées à examiner les propositions sur la table, il n'y a aucune raison de
convoquer de nouveaux rounds de négociations. Une multiplication des rencontres
sans progrès significatif mettrait en question la «crédibilité de l'ONU, du
Conseil de sécurité et de l'envoyé personnel». Les dernières déclarations du
souverain marocain se prévalant de «plus de soutien international» ne sont pas
de nature à aller dans le sens souhaité par l'émissaire spécial de l'Onu. El Pais
laisse entendre, par ailleurs, que les dernières tensions entre le Maroc et
l'Espagne autour de l'enclave de Melilla seraient en fait une pression sur
Madrid pour qu'il exprime de manière plus bruyante son appui au plan
d'autonomie marocain. Le journal espagnol rappelle que le gouvernement de
Zapatero est plutôt favorable au plan d'autonome mais qu'il reste très prudent
dans ses déclarations publiques à ce sujet.
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Posté Le : 22/08/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : M Saâdoune
Source : www.lequotidien-oran.com