Algérie

"L'impact sur l'Algérie est minime"




Dans cette interview, Arezki Derguini, spécialiste en économie du développement, considère que «le sens principal du Brexit est dans ce refus des sociétés de suivre leur classe dirigeante et de se soumettre aux marchés financiers».L'expression: La sortie de la Grande-Bretagne de l'UE a provoqué un impact immédiat sur les marchés financier et pétrolier mondiaux.. De plus, l'or, le placement refuge par excellence, est au plus haut depuis mars 2014. Comment évaluez-vous cet impact à court, moyen et long terme' Est-il aussi catastrophique que le prévoient certains économistes et financiers occidentaux'Arezki Derguini: Tout dépend de l'importance que l'on accorde aux indicateurs financiers. Il semble que l'on soit condamné à juger de l'état de santé d'une société et de son économie à travers la réaction des marchés financiers. Je crois que c'est ce qui va devoir changer bientôt. Ce ne sont pas les rentiers qui vont du reste devoir souffrir beaucoup avec la crise économique, qu'il va falloir prendre en compte. Mais les progrès qu'il va falloir réaliser dans la redistribution des pouvoirs d'achat entre les sociétés et en leur sein avec les nouveaux modes de production qui sont en marche. Car la vraie crise qui pointe est celle de la croissance des inégalités, de la concentration des pouvoirs d'achat et de production.L'Algérie, qui est liée à l'Union européenne par un Accord d'association sera-t-elle touchée par les conséquences de la victoire du Brexit'Non, pas du tout ou presque du point de vue des effets directs. Néanmoins, pour ce qui est des effets indirects, ils sont lointains mais certains. Les rapports inter-étatiques vont avoir moins de poids dans les relations internationales. Le sens principal du Brexit est dans ce refus des sociétés de suivre leur classe dirigeante et de se soumettre aux marchés financiers. Selon l'ancien ministre des Affaires étrangères français Michel Védrine, il ne sera plus possible d'investir l'avenir sans une certaine implication sociale. Le Brexit est, en somme, un coup de tonnerre dans un ciel bleu, «a little revolution». Dénoncer le populisme ne sera plus suffisant. C'est le nouvel air du temps et l'Algérie ne peut pas y échapper.La tourmente des marchés financiers mondiaux et la chute des cours du pétrole auront sans doute des conséquences directes sur l'Algérie. La tourmente en question va-t-elle durer longtemps'La crise financière ne fait que commencer, la sphère financière est hypergonflée. C'est tout le rapport entre l'épargne abondante disponible avec ses riches retraités et l'investissement qui s'essouffle qui est posé, le rapport entre les riches inactifs et les actifs. Les systèmes et marchés financiers ne sont pas à la fin de leurs problèmes. Pour les pays émergents, le problème va être celui du caractère spéculatif de ces marchés et donc dans leur capacité de défense vis-à-vis de ces marchés. L'Algérie est, de mon point de vue, dans cette posture.Les experts prévoient une dépréciation de la livre sterling et une appréciation du dollar contre l'euro. Comment se répercutera cette nouvelle donne sur le commerce extérieur algérien'Difficile de répondre. La petite crise financière va affecter momentanément le pouvoir d'achat international britannique, mais pas durablement. Le pouvoir d'achat international subit les variations des marchés, mais obéit fondamentalement aux pouvoirs réels des économies. De ce point de vue, l'impact sur l'Algérie ne peut être qu'accidentel.


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