L'immigration, tête de pont du 1er Mai

Jean-Marie Le Pen, président fondateur du Front national, aujourd'hui président d'honneur, s'est invité sur la scène de la place de l'Opéra, où sa fille, Marine, commençait son discours.En ce jour placé depuis des lustres sous le signe de Jeanne d'Arc, chaque année le 1er Mai, faisant presque oublier que c'est d'abord un jour de lutte syndicale, a été marqué une fois de plus par une faible affluence aux défilés désunis.Donc, après les Femen contestatrices, le héros du jour était le baroudeur ancien parachutiste, en voie de mise au ban pour des propos jugés extrémistes vis-à-vis des juifs. Les musulmans et les Arabes, têtes de Turcs, ou de pont (du 1er mai ') du discours xénophobe, ont eu leur pesant de propos désobligeants. Les télévisions en continu, hier matin, ont d'ailleurs dressé un boulevard à la présidente du Front national, en diffusant intégralement son intervention dans laquelle elle a dispensé ses thèses sur le ton habituel de la lutte contre l'envahisseur.Par filiation, la prêtresse du FN décoche ses flèches à l'Algérie, sans la nommer.Cette fois-ci, l'affaire de l'attentat manqué contre une église lui en a fourni l'opportunité : «Ce sont nos gouvernants UMPS qui ont permis à Sid Ahmed Ghlam de venir et qui lui ont permis de rester alors qu'il était fiché ! (?) Ce monstre en devenir, qui a probablement assassiné une jeune femme, ce n'est pas la France qui l'a enfanté ! ( ?) Un présumé terroriste algérien, arrivé en France grâce au regroupement familial (?). En 2012, j'avais demandé combien de Merah il y a dans les bateaux, les avions, qui, chaque jour, arrivent en France remplis d'immigrés '» Et le public conquis de crier avec fougue : «Nous sommes chez nous.» Elle a alors enfoncé le clou, exaltant les pulsions de rejet : «Immigration, communautarisme, fondamentalisme islamiste? la France est aujourd'hui hors contrôle. Ils ont laissé s'installer l'idée que les lois de la République étaient optionnelles, négociables, nos valeurs discutables.Ils ont inculqué aux enfants de l'immigration la haine de la France, le mépris de ses valeurs et de son histoire.» Peu importe l'exagération, l'essentiel est l'amalgame, pour dire aux Français sensibles à la thématique, que si tout va mal c'est à cause des autres : «Ils ont laissé une immigration massive s'installer, alors qu'il n'était plus possible d'assimiler des immigrés en si grand nombre. Ils ont refusé d'arrêter cette immigration alors même que leur propre peuple se retrouve en butte au chômage, au mal-logement. Ils ont imposé la fin du modèle d'assimilation pour lui substituer celui d'intégration et son corollaire, le communautarisme.»Avec toujours la thèse de la cinquième colonne islamiste, thème sur lequel le parti extrémiste a été doublé sur la droite traditionnelle : «Surveillons l'ingérence de fonds étrangers dans nos banlieues !»Enfin, cerise sur le gâteau, le retour de la thématique fantasmatique du grand remplacement sous un nouveau vocable : «Et demain, loi de substitution, culture de substitution ' (?) Ils ont cédé aux menus de substitution, aux horaires, aux programmes scolaires, aux jours fériés de substitution.» Ce qui est faux bien sûr, mais tout est permis, puisque le but du jeu est de remporter des suffrages électoraux lors des élections régionales de la fin d'année puis la présidentielle et les législatives de 2017.