Algérie

L?imbroglio turc



La Turquie se prépare à intervenir militairement dans le nord de l?Irak afin d?y frapper les éléments du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) considéré par Ankara comme une organisation terroriste. Le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan n?attend plus que l?agrément du parlement turc pour envahir le Kurdistan irakien. Le Premier ministre turc n?a d?ailleurs pas manqué de souligner que cette action armée serait menée même au risque de valoir à la Turquie la réprobation internationale. Comme pour attester de cette détermination des autorités d?Ankara, l?artillerie turque a bombardé, au début de cette semaine, un village frontalier au nord de l?Irak. Une démonstration de force qui intervient au moment où la Turquie est au bord de la brouille avec les Etats-Unis après que des responsables américains ont reproché à la Turquie d?avoir perpétré un génocide contre les Arméniens au début du XXe siècle. Ankara, qui s?est toujours montré sensible sur cette question, a rappelé son ambassadeur à Washington, marquant ainsi un réel coup de froid avec les Etats-Unis dont la Turquie est pourtant un solide et fidèle allié. En agitant, presque au même moment la menace d?envahir le nord de l?Irak, le gouvernement turc parait vouloir exercer une forte pression sur Washington. Les Etats-Unis sont confrontés aux pires difficultés en Irak et une intervention militaire contre ce pays de la Turquie pourrait être lourde de conséquences pour l?ensemble de la région. Sans aller jusqu?à affirmer que la position d?Ankara est une forme de représailles contre les reproches d?officiels américains sur la question du génocide d?Arméniens, il y a un lien manifeste entre les deux dossiers. Les autorités turques sont en effet depuis trop longtemps aux prises avec le PKK pour ne pas savoir que le nord de l?Irak pouvait représenter pour lui une base de repli. Selon toute vraisemblance, l?armée turque devrait intervenir dans le nord de l?Irak en 2008 si le Parlement donne son aval à cette opération. Ce délai laisse bien évidemment le temps à de possibles initiatives politico-diplomatiques. Les Etats-Unis seraient bien embarrassés d?avoir à affronter ce partenaire d?autant qu?il affirme vouloir s?attaquer au PKK qu?Américains et Européens ont classé comme organisation terroriste. La politique de George Bush en Irak serait assez affaiblie par une confrontation américano-turque. Le président américain n?ignore pas, aujourd?hui, que l?écheveau irakien ne peut pas être dénoué sans la contribution de puissances régionales comme la Turquie et l?Iran, mais aussi sans un acteur de la scène internationale aussi incontournable que la Russie. Mais dans le même temps, les dirigeants américains font tout pour empoisonner les relations avec la Russie et durcissent le ton avec l?Iran. En pointant du doigt la Turquie sur un aspect de son histoire, mais aussi en légitimant son projet de bouclier en Europe de l?Est par le danger iranien ? au grand dam de la Russie qui y voit une intrusion dans sa sphère d?influence ?, Washington ne prend pas le chemin le plus court pour ramener la paix en Irak. La tension désormais entretenue par la Turquie pourrait même rendre les choses plus complexes. La balle est, une fois de plus, dans le camp du président Bush.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)