Algérie

L'imam et la République : Hassen Chalghoumi n'aime pas l'intégrisme



L'imam et la République : Hassen Chalghoumi n'aime pas l'intégrisme
Il ne porte pas de barbe, serre la main aux femmes, il a pris un crédit pour acheter sa maison et ses enfants fréquentent une école privée catholique. L'imam de Drancy prône le rapprochement entre les communautés. Sa mosquée a été prise d'assaut et Hassen Chalghoumi a été menacé de mort. Imperturbable, l'imam. Il croit « en Dieu et en la République ». L'irruption d'extrémistes dans sa mosquée de Drancy (Seine-Saint-Denis), la semaine dernière, a créé un choc mais n'a pas ébranlé sa foi. Hassen Chalghoumi a décidé de porter plainte. Loin de se taire, il a pris son courage à deux mains et s'est rendu à Radio Orient afin d'appeler les musulmans à se désolidariser des intégristes. Dans la soirée de lundi dernier, un groupe de personnes envahit sa mosquée. « Ils ont pris le micro, ils ont commencé à crier Allah Akbar, à m'insulter, à insulter la mosquée, la communauté juive, la République. Ils sont partis après une heure et demie. » Résultat : l'imam se rebelle, s'insurge. « Ils veulent que je baisse les bras, que je ferme ma bouche, que j'arrête de parler et de montrer un Islam de tolérance, de rahma (clémence) de mahaba (amour), celui du prophète de l'Islam. Ma voix est celle de la majorité, je travaille pour l'avenir de nos enfants et de la République afin que l'Islam y trouve sa place et que les musulmans y soient respectés ».L'imam ne se fait pas beaucoup d'illusions. « Ils souhaitent ma mort, quelqu'un peut me liquider », a déclaré Hassen Chalghoumi, accusé par ses agresseurs d'apostasie. Il n'en est pas à sa première agression. Qui est donc cet imam atypique ' Installé en banlieue parisienne, Hassen Chalghoumi s'investit dans le rapprochement des religions et le dialogue entre Islam et judaïsme. Un discours qui déplait aux tenants d'un islam rigoriste. Deux plaintes pour « dénonciation calomnieuse » ont été déposées, mardi soir, contre lui à la suite de la plainte contre X pour violence et menaces de mort que ce dernier avait déposée auparavant. « Depuis plus de deux ans, Hassen Chalghoumi a entrepris de vivre et partager un islam moderne, ouvert vers le monde et les autres, prônant la main tendue vers les autres religions et croyances, ou non croyances, appelant à la paix entre les hommes et les peuples, exhortant notamment ses fidèles et bien au-delà, tous ceux qui croisent son chemin, à ne pas importer les conflits moyen-orientaux ailleurs, et précisément sur le territoire français. Hassen Chalghoumi est en contact permanent avec les responsables des autres cultes, il a notamment auprès de lui un conseiller juif, mais aussi avec les responsables », témoigne dans son blog Gilles Saulière, conseiller municipal PS.Un imam atypiqueHassen Chalghoumi est résolument contre la burqa, serre la main aux femmes, ne porte pas la barbe, inscrit ses enfants dans une école privée catholique et, suprême insulte pour ses détracteurs, croit en la République. Dans un entretien un peu flatteur dressé par Le Figaro, le jeune imam de 35 ans confie qu'il n'est pas à sa première agression. Coups de téléphone, voiture vandalisée, sa maison saccagée, Hassen Chalghoumi ne se laisse pas démonter. Pour ses amis, il est un « imam de rapprochement », et pour ses ennemis « l'imam des juifs ». « Dès que l'on agit, on est accusé d'être à la solde du maire, des juifs, de Sarkozy », balaie l'imam. Père de cinq enfants, l'imam de Drancy était sous surveillance, quand il a commencé à prêcher. Repéré par le maire centriste de Drancy, Jean-Christophe Lagarde, quand il cherchait un imam « ouvert » pour sa nouvelle mosquée, Hassen Chalghoumi n'a pas arrêté de bousculer les extrémistes. « Il en fait trop, rongé par l'ambition », notent ses amis, qui ont peur d'une rupture avec sa base. Que ses discours deviennent inaudibles. Lui, il se réjouit que l'Islam sorte des caves et dialogue avec les autres religions. Au nom de la République.


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