Algérie

L'Imam Echafiî



L'Imam Echafiî
Son surnom était Abou Abd Allah et son nom Mohamed. Il naquit à Ghaza en l'an 150 (767-768) et mourut le dernier vendredi du mois de redjeb de l'an 204 (819-820).
Ce maître par excellence de la loi écrite, ce dialecticien irréfutable, celui dont les paroles dans l'interprétation des mystères sont l'expression de la vérité, ce parent du Prophète (QSSSL), cet Imam Echafiî, que Dieu se complaise en lui ! Il n'est pas nécessaire de faire la description de ses mérites puisque la lumière de son savoir a éclairé le monde entier. Il était parent de l'Envoyé (QSSSL) et membre de la tribu de Qoraïch. Le Seigneur Très Haut lui avait donné en partage un tel savoir qu'à l'âge de quinze ans il donnait des décisions juridiques (Fetwa) à tout l'univers. On raconte qu'Ahmed Ibn Hanbal citait trois cent mille hadith de l'Envoyé(QSSSL), qu'il savait par c'ur, sans avoir besoin de consulter le texte écrit. Eh bien, un personnage de cette valeur se constitua disciple d'Imam Echafiî. Il marchait à pied devant son cheval. Beaucoup de personnes dirent à Imam Ahmed : « Comment un personnage comme toi s'abaisse-t-il au rôle de serviteur d'Imam Echafiî ' 'Mais, répondit-il, tous ces versets et ces hadiths que nous savons par c'ur, lui, il en comprend parfaitement le sens. Sans lui nous étions perdus. Dans le domaine de la science il est comme le soleil, et la lumière de son savoir pénètre dans le monde entier. La porte de l'étude de la jurisprudence était fermée ; c'est à lui que le Seigneur Très Haut l'a ouverte.» Pendant un certain temps, il servit auprès de Salim Raî et là il s'initia mieux que tout autre à la science du soufisme. On demandait un jour à Abd Allah El Ansari à quel rite il appartenait. « Je n'ai besoin d'aucun rite, répondit-il, mais j'aime Chafiî parce que, en toute chose, je l'ai toujours vu en tête des autres.» Imam Chafiî racontait : « Une nuit, je vis en songe l'Envoyé (QSSSL) qui me mit dans la bouche la salive de sa bouche sacrée en me disant : le Seigneur Très Haut est avec toi ; en avant ! Dans le même songe l'émir des fidèles me donna son propre anneau et c'est à la suite de cela que j'eus part à la science de Mohamed (QSSSL) et à celle d'Ali, que Dieu se complaise en lui. » Doué également d'une intelligence hors pair. Un jour, alors qu'il n'avait que six ans, deux hommes vinrent trouver sa mère et lui confièrent un dépôt. Au bout de quelque temps, l'un des deux vint chercher l'objet placé en dépôt et s'en alla. Un autre jour, le second se présenta à son tour et se mit à réclamer la remise du dépôt. En vain, la mère de Chafiî objectait que l'un des deux était venu chercher le dépôt, l'autre répliquait : « Mais, c'est à moi qu'il appartient. » Survint alors Imam Chafiî, qui demanda de quoi il s'agissait. Lorsqu'on le lui eut expliqué, il dit au réclamant : « L'objet déposé est toujours ici ; mais vous étiez deux lorsque vous nous l'aviez confié ; va donc chercher ton camarade et alors vous reprendrez ce qui vous appartient. » Là-dessus cet homme partit et ne revint pas. Chafiî étant allé se mettre sous la direction d'Imam Malik, qui avait alors soixante-dix ans, se tenait assis à la porte de sa maison. Quiconque en sortait tenant à la main une décision juridique qu'il s'était fait rédiger. Chafiî le renvoyait auprès de l'Imam pour l'engager à examiner plus mûrement la question. Et en effet, après un examen plus sérieux, Malik reconnaissait que Chafiî avait raison. Aussi, était-il content chaque fois qu'il le voyait. Un jour qu'il récitait une leçon, il se leva jusqu'à dix fois, pour se rassoeir ensuite. « Pourquoi vous leviez-vous ' lui demanda-t-on. - C'est, dit-il, parce qu'un jeune seïd jouait avec des enfants. Chaque fois qu'il paraissait vis-à-vis de moi, je me levais pour lui faire honneur ; car nous devons honorer les seïd. » Une autre fois, quelqu'un avait envoyé une somme d'argent à la Kaâba. Chafiî s'y trouvant alors, on lui en remit sa part. « Qu'à dit le possesseur de cet argent ' demanda-t-il. ' Il a dit, répondit-on, qu'on distribuât cet argent aux derwiches qui vivent dans les austérités et la crainte de Dieu. ' S'il en est ainsi, reprit Chafiî, comme je ne vis ni dans les austérités ni dans la crainte de Dieu, je n'ai aucun droit à avoir une part de cet argent » et il refusa. Aussi, comme il se rendait à la Kaâba, ayant en sa possession une somme de dix mille pièces d'or, ses compagnons lui dirent : « Avec cet argent vous devriez acheter une terre bien arrosée ou un certain nombre de moutons. » Aussitôt, Chafiî, jetant tout cet argent devant lui, , en donna une poignée à quiconque se présentait, et il le distribua ainsi jusqu'à ce qu'il n'en restât rien. Chaque année on envoyait du pays de Roum (l'empire byzantin) à Haroun Errachid à Baghdad une certaine somme d'argent. Une année les chrétiens députèrent quatre cents docteurs en di-sant : « Si vos savants engagent une controverse avec nos docteurs et parviennent à les vaincre, nous payerons le tribut ; mais s'ils n'ont pas le dessus, ne nous demandez plus d'argent. » Haroun Errachid fit annoncer publiquement que tous les Oulémas eussent à se rassembler sur le bord du fleuve. Tous s'y rendirent en effet et Chafiî, jetant son tapis à prière sur son cou, y vint aussi. « Chafiî, lui dit Haroun Errachid, charge-toi de donner la réplique à ces chrétiens. » A l'instant même Chafiî, lançant sur le fleuve son tapis à prière, y monta et s'assit. Puis il s'écria : « Quiconque a à discuter avec nous vienne ici et nous discuterons. » Tous les chrétiens témoins de ce prodige se firent musulmans. Lorsque le Qa¨sar de Roum apprit que tous ceux qui étaient partis pour Baghdad s'étaient fait musulman sous la direction de Chafiî, il s'écria : « Il est encore heureux que ce Chafiî ne soit pas venu au pays de Roum, car il ne resterait pas dans notre empire un seul porteur de ceinture (moine). » Un jour, Imam Ibn Hanbal avait dit : « Celui qui, avec intention, néglige une fois de faire sa prière est un infidèle. 'Non, reprit Chafiî ; mais il faut châtier sévèrement celui qui commet une pareille faute. » ; et il ajouta : « Si quelqu'un qui a négligé la prière devient un infidèle, comment fera-t-il pour redevenir musulman '- En faisant la prière, dit Ahmed. 'Comment cela, objecta Chafiî, puisque la prière d'un infidèle n'est pas valable ' » Ahmed, ne trouvant rien à répondre se tut et comprit que la manière de voir de Chafiî était conforme à la bonne voie.


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