L'image de l'islam se dégrade

En Allemagne, la défiance vis-à-vis de la religion musulmane n'est plus l'apanage des partis d'extrême droite, mais désormais d'un nombre important de citoyens allemands.C'est l'enseignement majeur qui ressort du sondage IFOP pour le Figaro publié la semaine dernière. Il montre qu'en France, 47% des citoyens considèrent la présence de la communauté musulmane dans leur pays plutôt comme une menace, contre 43% en Allemagne, où seulement 20% des citoyens la voient comme un facteur d'enrichissement culturel.A la question : «Etes-vous favorable à la construction de mosquées dans votre pays '» 52% des Français ont répondu par la négative, contre 49% en Allemagne.Interdire les minarets en AllemagneDans ce pays, où vit une importante communauté turque, la nouvelle formation d'extrême droite Alternative fur Deutschland (AFD) veut même interdire les minarets et la construction de mosquées lorsque celles-ci sont financées par des fonds étrangers.Estimant que «l'islam est un corps étranger» à la culture et au mode de vie allemands, l'AFD craint que l'Allemagne authentique ne disparaisse sous le poids des arrivées massives des réfugiés et du nombre important de musulmans qui vivent dans le pays.Et signe d'aversion profonde vis-à-vis de la religion musulmane, souvent jugée à tort par les hommes politiques et les médias occidentaux, 63% des Français se sont dit opposés au port du voile et du foulard dans la rue. Ce pourcentage descend à 45% chez les Allemands, plutôt habitués à voir des femmes turques à la tête couverte.Le droit des musulmans à l'indifférenceEnfin, s'agissant de la question de l'intégration des musulmans dans le tissu social et culturel occidental, 68% des Français pensent que cette intégration est en panne. Ils sont 71% en Allemagne à penser la même chose.Ce n'est pas le premier sondage qui montre une image très écorchée de l'islam. Cette tendance s'est accentuée ces derniers mois à cause de la montée en puissance des groupes terroristes se réclamant de l'islam et des attentats qui ont visé la France et la Belgique.Le discours des hommes politiques, autrefois plus modéré, a fini par devenir extrémiste, surtout chez les formations politiques de droite et d'extrême droite.Toutes surfent sur l'aversion vis-à-vis de l'islam pour élargir leurs bases et gagner les élections. C'est le cas, par exemple, en Autriche où c'est le candidat de l'extrême droite qui est arrivé en tête du premier tour de l'élection présidentielle.En France, Marine Le Pen conserve toutes ses chances d'arriver en tête du premier tour de la présidentielle en avril 2017.Réagissant au sondage d'IFOP, Anouar Kbibech, président du Conseil français du culte musulman (CFCM), a réclamé le droit des musulmans à l'indifférence, en estimant en même temps que la «priorité des musulmans de France est de préserver le vivre-ensemble et la cohésion nationale contre des amalgames dont se nourrissent les extrémismes de tous bords». Il a appelé les musulmans à «être porteurs d'un esprit de renouveau, d'ouverture et à contribuer à la vie de la nation française».