Algérie

L'image de l'Algérie a été sérieusement écornée



L'image de l'Algérie a été sérieusement écornée
En l'espace d'un mois, deux événements graves se sont déroulés en Algérie.Un touriste est enlevé puis décapité dans le nord du pays et des policiers ont marché sur la République dans une sorte de mutinerie qui ne dit pas son nom.Un mois après le kidnapping, en Algérie, du touriste français Hervé Gourdel, puis sa décapitation revendiquée par un groupuscule terroriste dénommé Djound el-Khilafa et se disant affilié à l'EIIL (Daech), l'image de l'Algérie comme destination, voire comme pays stable, est sérieusement écornée.Depuis, aucune nouvelle réservation de touristes pour l'Algérie n'est enregistrée. Pire, à chaque annulation de réservation vers les destinations de la région sud de la Méditerranée, le nom de l'Algérie est cité.Le mal est profond. De grands tour-opérateurs (TO) français ? un TO étant une sorte de producteur et de grossiste de l'offre touristique ? n'enregistrent aucune réservation pour le Maroc et la Tunisie depuis un mois. Ils ne font qu'expédier les anciennes commandes et les échos qui leur parviennent depuis les agences de voyages, les distributeurs des séjours n'incitent pas, à court terme, à l'optimisme.Selon le premier responsable de Voyages du monde, J. F. Rial, spécialiste des voyages de découvertes, son TO vient de perdre 2% de son chiffre d'affaires suite à l'assassinat d'Hervé Gourdel en Algérie. Chez ce TO, toujours selon son P-DG et à titre d'exemple, aucune nouvelle commande pour le Maroc n'est enregistrée.Cet état des lieux catastrophique est confirmé par le patron du syndicat français des TO, qui ne cesse de rappeler que suite à l'horrible sort réservé par les terroristes à Hervé Gourdel et aux appels à la vigilance lancés par le Quai d'Orsay, le secteur a connu 50% d'annulations. Les effets se font lourdement sentir en cette période, qui coïncide avec les vacances de la Toussaint. En Algérie, théâtre de ce drame et pays dont l'image est écornée à longueur de journée, la communication touristique s'est mise en off. Aucune manifestation des institutionnels et des opérateurs du secteur du tourisme pour tenter de redorer l'image de la destination ou, du moins, rassurer. Pourtant, il suffirait d'expliquer que la panique vient de la confusion entre voyages libres et voyages organisés.Sur un autre registre, pas d'annonce faite sur une éventuelle actualisation et adaptation du dispositif administratif et sécuritaire de prise en charge du tourisme réceptif. Juste des notes internes rappelant aux agences de voyages la nécessité d'aviser l'administration du tourisme territorialement compétente du déplacement des touristes dans certaines localités.Or, bien que l'actuel dispositif de gestion sécuritaire du tourisme réceptif ne soit pour rien dans l'horreur qu'a connue le touriste Gourdel, l'événement devrait appeler à une actualisation du dispositif car, aussi bien la menace que la demande ont muté ces dernières années. Il va de soi que ce n'est pas avec des outils mis en place en 1999 que nous allons faire face aux défis de 2015.Toutefois, dans la conjoncture actuelle, le secteur du tourisme et les départements en charge de la gestion sécuritaire du tourisme réceptif bénéficient de circonstances atténuantes.Nous ne sommes pas devant des cas de défaillance d'un secteur ou d'un autre, mais bien dans une crise multidimensionnelle que traverse le pays. Le dernier mouvement de protestation des policiers n'est pas pour améliorer les choses. Quelle crédibilité d'une action de promotion à l'international lorsque certaines affaires internes renvoient des images caricaturales avec des policiers marchant sur la Présidence 'Pour rappel, le 21 septembre dernier, un touriste de nationalité française, Hervé Gourdel, tombe entre les mains d'un groupe terroriste dans la région de Bouira. Moins de 48 heures après, l'otage est décapité. Toute l'opération est savamment médiatisée par les ravisseurs.Le Quai d'Orsay lance, alors, des appels à la vigilance, synonymes, chez les touristes potentiels, d'appels à non voyager, incluant 43 destinations. Comme il se trouve que la plupart des pays du Nord regardent les pays du Mena sous le prisme parisien, c'est le chaos sur le marché touristique de l'ensemble du sud de la Méditerranée...M. K.




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