Algérie

L'illicite activité du tahrib



L'illicite activité du tahrib
La mafia de la contrebande du carburant active avec une organisation bien étudiée. C'est dire que les barons de ce trafic ont leurs systèmes et modes opératoires.Ils recourent aux services d'agents qui travaillent à leur compte. Ces derniers, des bergers de leur état, sont munis de téléphones portables, des gens loin de tous soupçons, dont la tâche est de servir d'indicateurs.Avec les informations que fournissent ces agents, les contrebandiers parviennent en temps opportun, à échapper aux mailles des douaniers et GGF, en procédant au changement des procédés opératoires pour acheminer leur produit vers les clients en Tunisie. Mais d'où vient ce carburant vendu à des prix invraisemblables, sous le nez de Naftal et des autorités publiques' Bien évidemment, des réservoirs de véhicules de tourisme, de camionnettes, camions, poids lourds, de tracteurs et surtout des 4x4 Land Cruiser les plus utilisés pour leurs doubles réservoirs dont ils sont dotés (d'origine), que les propriétaires ou simples conducteurs se ravitaillent auprès des stations-service.A croire l'affluence en ces lieux, l'activité que les uns jugent illicite et que d'autres qualifient de salvatrice semble juteuse. Certains arrivent avec dans leurs véhicules des bidons de divers volumes. Personne ne voudrait rater la moindre goutte à vil prix. Faire le plein à 20 DA le litre d'essence et plus de 17 DA pour le mazout à la station pour le revendre à trois et quatre fois plus. Des habitants des wilayas frontalières disent que des véhicules empruntent quotidiennement les mêmes axes des zones frontalières, après avoir fait le plein dans les différentes stations d'essence. Depuis Oum Etboul dans la wilaya d'El Tarf, jusqu'à Khenchela en passant par Souk Ahras et Tébessa le constat est le même. Des milliers de litres de gasoil transitent vers la Tunisie. Selon nos sources, qui ont préféré garder l'anonymat, ce sont les trafiquants de Sidi Feraj, les plus actifs. Ils choisissent les communes les moins «surveillées», pour y faire le plein de carburant. Ils en reviennent pour le décharger à Ouled Abbès où de nombreux sentiers ont été repérés et utilisés par les contrebandiers. «Les jerricans vides sont posés en bordure de ces sentiers. Une fois remplis par les complices des harraga, les contrebandiers viennent les récupérer après s'être assurés de l'absence de toute patrouille de surveillance.Parfois, les contrebandiers abandonnent les jerricans, surtout lors de descentes inopinées des brigades d'intervention des GGF et des douanes ou lorsqu'ils en sont informés par leurs «indics officiels», nous a-t-on expliqué. Mais en dépit du resserrement de l'étau autour de ce phénomène, il demeure néanmoins, un créneau très lucratif, tant pour les barons que pour les agents. Comment est partagée la rente de la contrebande' 4000 à 5000 DA est le bénéfice net que gagne le contrebandier à la revente d'un fût de 200 litres aux voisins tunisiens, nous explique l'un des «harraga» d'une bourgade d'Oum Etboul. Nous l'avions rencontré au moment où il s'apprêtait à quitter la station-service de Berrihane, à bord d'une 406. D'apparence innocente et pesant bien ses mots, Hamana, la trentaine, n'avait rien d'un contrebandier. Peu fier de son affaire, car exploité au même titre que ses autres «collègues» par un très puissant contrebandier d'El Tarf, il n'hésitera pas à nous exhiber la carte grise de la voiture, avant de dire les yeux presque larmoyants:«Cette voiture ne m'appartient pas. Mon patron en a trois, deux 4x4 et une 505, affectés exclusivement à la contrebande de carburant», a-t-il révélé. «C'est pour gagner ma vie que je fais ce travail», nous dira-t-il. En ajoutant: «C'est le seul moyen pour subvenir à mes besoins et ceux de ma famille». 35 ans, célibataire, Hamana n'a jamais pu décrocher un travail.Et bien que conscient des risques dont découle cette activité illicite et sans aucune alternative, il estime qu'ils sont à prendre. Aussi, conscient du fait qu'il est exploité, notre interlocuteur, nous déclare qu'en dépit du danger que cela suppose, il effectue le trajet Sebaâ, Chatt et El Kala vers la mechta de (...), non loin des frontières, trois à fois par jour, finissant sa journée avec 1000 à 12.000 DA dans la poche. Pour en savoir plus sur cet état de fait, ou plus exactement sur ce phénomène saignant, nos sources, bien sûr après avoir eu toutes les assurances, nous ont aidé à entrer en contact avec un contrebandier. Pour les besoins de sa sécurité, nous l'avons nommé «Brahim». Questionné sur ce trafic, l'homme n'a pas mâché ses mots. «Nous sommes des pères de familles et nous vivons sur les miettes des grands patrons de l'Etat et de ses institutions, a-t-il dit.S'agissant du risque qu'il encourt, dans le cadre de la lutte menée par les services de sécurité, «les GGF et les douaniers ont leurs propres intérêts. Ils sont en train de prouver leur efficacité à leurs supérieurs», a t-il ajouté.«Les policiers et les douaniers auxquels il faut lécher les bottes à chaque contrôle, le simple citoyen pour préserver son image sociale, fait du trafic avec son véhicule», déplore-t- il.




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