Située à un peu plus de un mile marin de la côte et d'une surface totale de 15 ha, l'île de Rachgoun, dite communément Layella, au large de Béni Saf, dans la wilaya de Aïn Témouchent, fait partie des quatre sites proposés au classement national, selon l'association scientifique et culturelle El Bouhmidi de Béni Saf.
Cette petite île, qui se présente comme un gigantesque rocher de formation volcanique, renferme un site naturel et archéologique si important que l'association susnommée en fait actuellement son cheval de bataille, dans un projet de classement du site datant de 1998. Des recherches scientifiques dans les domaines de l'archéologie et de la biologie révèlent l'importance de ce site, compte tenu de sa richesse archéologique et de sa diversité biologique sur les plans animal et végétal.
L'initiative de classement du site chapotée par la wilaya a commencé par la restriction de la fréquentation de l'île durant la période de ponte des goélands argentés, dont les ufs sont victimes de la prédation des riverains.
Cet épisode alarmant a imposé l'impératif d'élargir la protection aux autres éléments sensibles qui font la caractéristique du site, notamment la biodiversité de ses fonds marins et de ses richesses archéologiques.
Aussi, parallèlement aux démarches administratives engagées, l'association El Bouhmidi apporte sa contribution dans ce même sens, notamment celle ayant trait à la recherche scientifique, aux modalités techniques de prise en charge, de sensibilisation et de revalorisation de ce patrimoine unique et universel.
Ladite association affirme que l'histoire humaine de l'île de Rachgoun remonte à des groupes berbères qui, à partir de 650
av. J.-C., occupaient le sommet de ce petit territoire où l'on retrouve les vestiges d'une garnison, un réceptacle à eau et d'un port d'Achgoul remontant au Xe siècle et qui avait servi de base stratégique aux corsaires durant le XIe siècle et comme lieu de transit d'armement en 1835 durant la résistance de l'Emir Abdelkader face à l'envahisseur français. Selon l'association El Bouhmidi, c'est en 1879 que les mercenaires espagnols implanteront un cimetière au nord de l'île, avant que ne soit construit un phare sur les lieux même de la nécropole. « La nécropole du phare de l'île est un véritable trésor historique avec ses nombreux bijoux, ses armes et ses planches à dessin qui ont été retrouvées, dont certaines représentent des espèces d'oiseaux qui vivaient sur l'île. » L'île de Rachgoun fait partie du golfe de Ghazaouet, considéré comme la bordure côtière sous-marine la plus profonde de toute la côte algérienne. Elle peut atteindre 90 km autour de l'île. La faune et la flore qui couvrent son territoire ont subi la prédation de l'homme et l'assèchement du climat. Néanmoins, deux phoques moines, qui aiment généralement vivre dans des grottes isolées et tranquilles, et un dauphin de risso ont été observés aux alentours de l'île.
La situation du site n'est pas des plus catastrophiques, mais il n'en demeure pas moins que ce dernier subit occasionnellement de multiples contraintes qui peuvent à moyen et long terme porter de graves préjudices à son intégrité et causer la perte irréversible de ses richesses. On citera parmi ces contraintes la pêche sous-marine avec harpon des espèces en voie de disparition, notamment le mérou, la récolte intensive des animaux et végétaux marins, la fréquentation intensive du site durant la période estivale, à savoir la perturbation des habitats, dommages occasionnés à l'herbier de posidonie du fait du mouillage des embarcations et des rejets de détritus et autres formes de pollution. A cela s'ajoute l'introduction d'espèces animales étrangères au site, notamment les chèvres qui portent atteinte aux habitats autochtones et à la couverture du plateau de l'île, et le pillage d'objets archéologiques déterrés dans la zone non fouillée de l'île ou récoltés dans les fonds marins par les amateurs de la pêche sous-marine. Lors du débat qui a eu lieu au début de l'année autour du dispositif législatif et réglementaire pour la protection et la valorisation du littoral, il avait été annoncé que le ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, assisterait, à Aïn Témouchent, au classement officiel de l'île de Rachgoun.
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Posté Le : 07/04/2003
Posté par : hichem
Ecrit par : Ghada H.
Source : Le Journal Le Matin