Parmi les activités nocturnes durant ce mois de ramadan il y a les nombreuses rencontres avec des auteurs organisées au niveau de quelques librairies sur Alger. Que ce soit à « Point Virgule » (à Cheraga), « L’arbre à dire » à Hydra) ou encore « Chaib Dzair » (Alger-centre), le constat est à chaque fois le même. Une vue de haut du public présent donnera toujours le même résultat : une majorité de points blancs et d’autres lisses. Les cheveux blancs et les crânes dégarnis sont le "paysage" dominant dans ces espaces. Point, ou presque, de jeunes sur place.
Certains diront que comme les auteurs sont également loin d’être jeunes, et donc il ne faut pas s’attendre à voir les jeunes se déplacer pour assister à ce genre de rencontres. Trop léger comme explication. Pas plus tard qu’hier soir, à la librairie « Point Virgule », l’invitée n’était autre que la jeune Kawther Adimi, 32 ans, et qui a gagné plusieurs prix internationaux avec son dernier roman « Nos richesses ». Il y avait assez de monde à la rencontre, ponctuée par les dédicaces, mais très peu de jeunes. L’un des rares présents, qui était tout content de la dédicace obtenue, n’hésitera pas à lâcher une boutade « la prochaine fois je me teindrai les cheveux en blanc, comme ça je me sentirai dans mon élément au milieu de ce public ».
Pourquoi cette disparition des jeunes dans ce genre d’endroits ? N’y t-il plus de lecteurs parmi eux ? Certains diront que les prix des livres les fait fuir. Ça ne tient pas la route. La plupart d’entre eux répètent à qui veut les entendre qu’avec Internet n’ont plus besoin du papier pour lire. Il y a maintenant les tablettes, les smartphone et les liseuses. Donc les jeunes lecteurs existent. Que ce qui les empêchent de venir assister à ces rencontres avec des auteurs dont la notoriété dépasse les frontières ? L’argent est loin d’être une explication. Ils ne seront pas obligés d’acheter un livre et l’entrée aux librairies est gratuit.
Il ne s’agit pas d’évoquer le cas de ces jeunes qui n’ont aucune relation avec les livres. Ceux là, ils ne revendiquent pas le statut de « lettrés » et souvent n’hésitent pas à le crier sur tous les toits.
Mais ici il s'agit des autres (certes peu nombreux), ceux qui se prennent pour des "lumières", dégainant leurs lectures à tout bout de champ. Ceux après quelques ouvrages lus, narguent la "populace" du long de leur tour imaginaire, en se présentant comme l' "élite" (sic). Où se cachent-ils? Approcher des auteurs, discuter avec eux, apprendre de leurs parcours et la manière avec laquelle ils écrivent, n’est ce pas quelque chose d’enivrant pour un lecteur, un vrai! Rencontrer des personnes passionnées de littérature, d’histoire, de cinéma, de musique, de peinture, et autres arts, n’est ce motivant et excitant ! Il semblerait que Non. Et ce Non implique que, parmi ces jeunes, finalement il n'y a pas (ou presque) de lecteurs, de vrais. Leur "être" est très loin de leur "paraître".
Il n'est pas question ici de mystifier ces rencontres avec les auteurs, ou de leur donner une importance dépassant leur cadre, mais tout simplement de rappeler qu'il y a un minimum à avoir pour aspirer au statut d' "éclairé". D'ailleurs ces jeunes, "ciblés" dans ces lignes, sont loin d'être les seuls absents à ces "conclaves". Très peu de journalistes, si ce n'est ceux des rubriques culturelles, y assistent. Mais ceci est une autre histoire...
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Posté Le : 05/06/2018
Posté par : litteraturealgerie
Ecrit par : Salim KOUDIL
Source : Liberte-algerie.com