Algérie

L'iceberg de Bethléem


L'iceberg de Bethléem
Même passé à tabac, le jeune Danois Andreas peut s'estimer heureux. En tout cas plus chanceux que ceux-là mêmes qu'il était venu soutenir, parce qu'eux n'ont pas voix au chapitre. Plus clairement, il a été, cette semaine, plus question des pro-Palestiniens que des Palestiniens, ce qui est important pour la cause palestinienne. Non pas que les premiers parlent plus haut que les autres, mais tout simplement parce que la voix de ces autres est étouffée. Et le mérite des pro-Palestiniens est d'être allés contre un ordre devenu immuable en portant la question palestinienne sur le devant de la scène internationale et en la sortant de l'oubli.
Tout a donc commencé dans de nombreux aéroports européens où des ressortissants du vieux continent ont trouvé leur nom porté sur une liste transmise par les autorités israéliennes aux compagnies aériennes européennes. Ceux-là ' et ils étaient des milliers ' étaient interdits d'embarquer à destination d'Israël et des territoires palestiniens, leur point de convergence, pour un événement devenu annuel et qu'Israël entend effacer des tablettes. Seuls quelques dizaines d'entre eux ont réussi à passer au travers des mailles pourtant bien serrées du filet tendu par Israël qui, relève-t-on, a bénéficié de complicités dont on ne mesure pas encore toute l'étendue.
Un bien triste bilan, alors qu'une organisatrice de cette opération a estimé que «les mesures draconiennes prises par le gouvernement et les services secrets israéliens pour empêcher le millier de volontaires de rejoindre la Palestine s'est transformé en désastre diplomatique et politique pour (le Premier ministre Benjamin) Netanyahu et sa clique». Nul doute que des gouvernements sauront se montrer indulgents et aider Israël à remonter cette pente.
Un tel évènement serait donc passé inaperçu n'était le comportement du militaire israélien, habitué à l'impunité, qui a agressé un ressortissant danois. Des images le montrant frappant ce dernier au visage avec son arme ont soulevé l'indignation. Ce qui est arrivé ensuite est unique, sinon extrêmement rare, car aucun soldat israélien n'a jamais été inquiété pour ses agressions commises sur les Palestiniens, quelle que soit leur situation. Bien au contraire, assassiner des civils et détruire leurs biens passent pour des faits d'armes. Il se trouvera bien une presse, jamais à court d'idées, pour parler de «représailles». Une locution qui exprime à elle seule tout le parti pris en faveur d'Israël, occultant de fait le rapport occupant-occupé. Mais il leur était difficile, cette fois, de nier ce qui s'est passé dimanche, aux portes de la ville palestinienne de Ariha, que l'on disait débarrassée de l'occupation israélienne depuis 1994. Voilà un autre mensonge ' le premier de ces derniers jours ' consistant à laisser croire qu'il n'y a pas de problème palestinien, sinon qu'il est pris en charge dans le cadre de négociations, le reste étant de la simple provocation ou même des agressions contre Israël.
C'est ce qui a été dit de toutes les opérations de soutien au peuple palestinien, celui-ci étant, quant à lui, déclaré coupable de ne pas avoir renoncé à ses droits nationaux. Et dire que cela n'aurait pas été possible sans un certain nombre de complicités, toutes faisant obstruction au droit et exposant la région du Proche-Orient à la course aux armements et à l'instabilité. C'est ainsi qu'Israël a pu se retrouver aujourd'hui en possession d'un important arsenal nucléaire. Ses dirigeants ont su se montrer reconnaissants en dévoilant quelque peu leurs amitiés. C'est l'un des crimes les plus effroyables de ce demi-siècle d'histoire contemporaine. Et l'on se permet de parler de droits et de libertés, ce qui frappe de suspicion tout discours en ce sens. Celui-ci est inadéquat et inapproprié, car traitant une telle question au cas par cas. C'est encore le droit de la force.


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