Algérie

L'hypothèque foncière du développement agricole


Malgré le sous-développement agricole structurel, la réunion du Comité interprofessionnel des céréales, se basant sur une embellie céréalière conjoncturelle, a voulu délivrer un message de révolution céréalière.
Le président du CIC, après avoir énoncé les handicaps naturels de nos terres et noté le retard en matière de recherche agronomique, ne nous dit pas comment nous devrions nous y prendre pour améliorer la rentabilité des sols, malgré leurs limites géologiques et sachant que la recherche ne suffit pas seule à révolutionner une agriculture.
Or, rien qu'en considérant les quatre ou cinq dernières années, nous observons que le niveau de production dépend mécaniquement, et presque uniquement, de la pluviométrie : 2009, année humide, fut une année record (6,2 millions de tonnes), et pour l'année suivante, le gouvernement décidait l'importation de blé dur et d'orge ; 996,3 tonnes de blé dur furent tout de même importées en cette année 2010 ; en 2010, justement, année de relative sècheresse, où la production retombe à 4,6 millions de tonnes et l'importation augmente significativement dès le premier semestre 2011 (904,8 tonnes de blé dur compris).
Quand le P-DG de l'Oaic annonce la bonne nouvelle, il (ou la presse qui a couvert ses propos) omet de préciser, pour le public, la part du blé tendre, qui, elle, continue à être importée, dans les importations globales de céréales. De même que cette économie devrait être rapportée à la quantité déjà importée en avril dernier. Puisque les prévisions donnent une récolte à peu près égale à celle de 2009, on peut présager des mêmes conséquences économiques et commerciales. Mais pas plus. Les questions de la facture et de la dépendance alimentaire resteront posées pour 2012 et 2013 et les années suivantes, si rien ne change sur le plan politique, de la même manière qu'elles se posaient en 2009 et les années précédentes. Ce que Benamor réalise comme progrès dans la production de la tomate n'est pas forcément reproductible dans la culture des céréales, parce que, sans trop nous avancer, les deux cultures pourraient ne pas poser les mêmes problèmes fonciers.
Car, la question agraire est, en Algérie, d'abord une question foncière. Au commencement, il y eut la question de la propriété des terres. Laquelle a été manipulée cinquante ans durant, sans autres considérations que celles politiciennes et dogmatiques, en tout et sans considération pour l'impératif économique ou alimentaire. Les dernières trouvailles ' celle des EAI-EAC, puis celle de la valorisation des terres ' ont donné le spectacle épique de profs de fac, de retraités de la Fonction publique arrivés de la ville pour jouer aux vignerons improvisés (suggestion : 'pour s'improviser vigneron") ou pour 'défoncer" des maquis du secteur des forêts (étrange ce statut des forêts gérés par l'agriculture !), et repartir l'année suivante parce que les vergers ne poussaient pas assez vite !
L'agriculture et la question alimentaire sont otages de la question foncière. Tant qu'on a peur d'envisager la restructuration des domaines agricoles en grandes surfaces 'modernisables", on restera à l'état de sous-développement. On se demande pourquoi les projections de forums refusent de poser la question sous cet angle, à savoir sous son angle politique.
Il paraît pourtant essentiel d'admettre qu'il n'y aura pas de révolution 'agraire" et 'alimentaire" sans révolution foncière.
M. H.
musthammouche@yahoo.fr


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