Mon propos n'est pas de condamner cette jeunesse Algérienne qui a sifflé l'hymne national lors du match Algérie-Palestine , mais d'essayer de comprendre pourquoi et comment on en est arrivé là.Expliquer aussi pourquoi par cet acte « grave » l'Algérie peut être en danger de dislocation' Qui en est la cause' Qui a semé cette graine de rupture avec le passé aussi glorieux fut il ' Si par le passé , la rupture était déjà consommée entre les Algériens et les institutions, aujourd'hui , sous l'ère de Bouteflika , la rupture est entrain de se faire entre les Algériens et l'Algérie .Le seuil de tolérance est-il atteint ' Les jeunes semblent toucher le fond ; ils n'ont plus rien a perdre. Ils l'ont fait savoir de différentes manières , par des révoltes et maintenant en sifflant l'hymne national. Ils n'ont rien, en revanche. Ils sont riches de colère et d'impatience . Cette révolte manifeste le désir de ces jeunes de faire comprendre à tous ,l'injustice dont ils sont victimes. Ils ont la blessure de la misère, de l'humiliation et de la hogra quand ils entendent les représentants du pouvoir dire que leur pays se porte bien, sans eux et même contre eux ; alors ils éprouvent de la haine au coeur.Ces jeunes se révoltent contre tout ce qui n'est pas normal pour eux: le chômage , la mal vie , l'exclusion, le mépris, l'injustice ?.. Une jeunesse dont la situation est devenue insupportable du fait des choix économiques, des politiques inopérantes et inefficaces d'un personnel aux affaires qui a depuis des décennies montré son inefficacité , son incompétence,son manque d'intelligence , ses mensonges et sa rapine. Alors , beaucoup ont posé comme principe que dans un pays sans foi, sans justice, sans valeur et pourri, chacun a le droit de faire ce qui lui plait .La débrouille s'est érigée en système de survie , la magouille s'est installée dans les affaires, la triche s'est développée dans les écoles à tous les niveaux y compris dans les universités et facultés, l'arnaque à gagné toutes les professions , la corruption s'est démocratisée. Ajouté à cela la régression des valeurs morales comme la politesse, l'honnêteté, le respect de l'autre, l'honneur, la droiture, la parole donnée'seule la réussite matérielle est considérée comme l'élément de réussite . Avec ce vide moral, cette déliquescence des m'urs et la perte des repères , il est a craindre que la société Algérienne , la jeunesse Algérienne soit entraînée dans un avenir incertain , fait de démoralisation individuelle et collective, entraînant par là une véritable perte de confiance et de conscience. Une jeunesse désorientée , désespérée, repliée sur elle-même au point de se sentir en statut d'infériorité sociale , en marge de la société . Ces jeunes n'ont pas seulement sifflé l'hymne national , ils ont clairement indiqué qu'ils ne voulaient plus accepter de voir les richesses du pays dilapidées, mal gérées, volées par une nomenklatura et un système qui leur interdit l'accès à cette richesse et à l'espoir. Une nomenklatura aux affaires au nom de la légitimité révolutionnaire , ils n'en veulent plus! ils ont sifflé le symbole de cette légitimité détournée , instrumentalisée, salie par des comportements et des pratiques mafieuses .Que l'on ne s'y trompe, cette jeunesse que l'on a voulu abrutir méthodiquement par l'école d'abord puis en la déviant aux sports et notamment au foot-ball, en l'éloignant de l'engagement politique n'est pas dupe de ceux qui, jouissant du pouvoir veulent maintenir le statu quo politico- affairiste dont ils en profitent. Ces jeunes, par cet acte , certes irrespectueux envers le symbole de novembre , traduisent un état d'esprit et une rupture radicale avec le pouvoir , ses institutions , ses hommes qui précipitent la ruine matérielle et morale du pays . Ils ne veulent plus de cette Algérie , submergée de parasites ou personne n'est responsable , ou les lois sont élaborées pour servir les copains et les coquins pour se prémunir des dérives et dépravations dont ils sont responsables .Les hommes de Bouteflika , loin de servir le pays , ont accru leur influence non seulement dans le domaine politique mais également dans les secteurs vitaux de l'économie pour se servir , l'administration pour sévir et la justice pour se prémunir . Et c'est comme cela que l'on est arrivé à ce que Ghoul n'a pu être appelé à témoigner devant le « petit juge » , que Chakib Khellil défie toute autorité , que Sidi Said pousse l'arrogance jusqu'à assumer le « faux » devant une juge qui ne peut juger!Dans ce folklore de l'indignité et de la honte : -Un seul gagnant :le système -Un seul perdant : l'Algérie ? Un seul sacrifié : le peuple Algérien.Le vrai problème de l'heure , c'est le sauvetage de l'Algérie , de l'arrêt du mécanisme de destruction de ce qui reste comme tissu social de solidarité et d'appartenance à une nation née et cimentée par le sang des martyrs et le sacrifices de millions d'Algériens à travers l'histoire. Dans ce contexte où se développe une précarité générale des conditions de vie , une incertitude du lendemain, il se produit une coupure coupable du rôle que devrait tenir l'intellectuel , l'élite Algérienne envers sa communauté . Ouvriers du système, comment en effet peut-il concilier l'appel à l'engagement et au changement et la sécurité qu'il a au plan personnel 'Comment peut il être porteur d'une volonté de changement alors qu'il est douillettement engoncé dans un confort étranger à la majorité de ses concitoyens'Une telle situation qui en fait des privilégiés aux yeux de la société comme à leurs propres yeux d'ailleurs , rend les élites , d'une certaine manière coupables, sinon complices . Tout discours qu'ils pourraient tenir se révélerait immanquablement inopérant et sans impact sur la société dans un tel contexte. Leur propre position dans et autour du système est un obstacle à l'exercice de leur fonction de parole . Aux yeux de la société , l'intellectuel Algerien est un élément du problème ; pour le moins il en est la manifestation. Il n'est plus le guide .A quoi peut-il en conséquence influencer la société sur la voix du changement' Bien accroché à sa situation , il a abandonné toute prétention à dire son pays . Il a relégué ses responsabilités d'intellectuel pour n'en conserver que le titre.-Au vu de cette supercherie des divisions orchestrées et entretenues des clans qui sont en fait solidaire pour la pérennité du système .-Au vu du désespoir qui gagne et qui risque de faire gagner les marchands du désespoir.-Au vu du potentiel de ce pays qui regarde passer sa chance et enrage de ne pas pouvoir la saisir.Il doit se passer un moment privilégié ou le citoyen doit aller au fond de lui-même pour découvrir que ce qui relève du miracle peut devenir possible . Pour cela , une mobilisation citoyenne pour la liberté, la dignité , la justice , menée par une élite engagée, responsable,consciencieuse, saine , regroupant autour d'elle toutes les tendances aspirant au changement pour la démocratie et le renouveau , associant de larges couches de la société , peut mettre en échec ce régime qui est entrain de mener le pays droit au chaos et à l'implosion. Nous devons bien cela a nos martyrs, à ce pays qui nous fait mal. Nous devons bien cela à cette jeunesse , à nos enfants que nous jetons dans la vie sans pouvoir leur dire qu'elle vaut la peine d'être vécue.Dr Mohamed MaizMembre fondateur du CCD (Congrès du changement Démocratique)
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Posté Le : 26/03/2016
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Le Quotidien d'Algérie
Source : www.lequotidienalgerie.org