L'HYDRE DE LERNE

Le président Donald Trump pense avoir toutes les raisons d'être satisfait en éliminant le principal chef de l'Etat islamique. Il présente la mort d'Abou Bakr El-Baghdadi comme une victoire personnelle non sans avoir une forte arrière-pensée pour les élections présidentielles américaines prochaines. Dans les campagnes électorales du genre, un tel accaparement d'une gloriole pour un événement aussi important est de bonne guerre mais croire que c'en est fini du terrorisme serait une erreur. En la circonstance, abattre un El-Baghdadi donne naissance à dix autres El-Baghdadi. Le terrorisme que nourrissent différentes formes de l'intégrisme est comme l'Hydre de Lerne, il a plusieurs têtes. Il y a bien eu la désintégration d'un Ben Laden, mais on s'est vite rendu compte que le clonage des hydres s'est démultiplié.Dans un moment d'emphase, Trump a comparé El-Baghdadi à un chien. La comparaison teinte d'une assurance soulignée dénote cependant une autre forme d'intégrisme incompatible avec ce que doit être la prise en charge sérieuse et réfléchie par un chef d'Etat d'un problème aussi important et aussi profond que le terrorisme international. Le ressentiment que peuvent provoquer les mots et les comportements sont susceptibles de réveiller les sympathies les moins indiquées allant parfois jusqu'à la confusion des identifications. Dans la lignée et la confusion des genres, quand Trump interdit aux musulmans l'entrée aux Etats-Unis, il participe à l'éclosion d'une haine gratuite dans l'inconscient des individus pacifiques et normaux. L'érection des murs occidentaux et des barrages xénophobes dressés contre le travail et le logement pour les Arabes et les musulmans un peu partout sont aussi une forme d'intégrisme parfois assimilée à du terrorisme prenant. Ils participent à l'élargissement d'un terreau diabolique qui parfait le désespoir d'un être le rendant capable de perdre son humanité et prêt à toutes les folies. Aux hommes vulnérables, rejetés et cloîtrés auxquels on dénie des droits élémentaires, on offre des statuts les plus vils et les plus dangereux.
La grande erreur dans ce domaine est de répondre à l'intégrisme par un autre intégrisme, plus sourd, plus pervers où le sens de la justice et de la solidarité humaine devient un vain mot.