Algérie

L’huile d’olive algérienne Le marché international comme objectif



Publié le 13.11.2023 dans le Quotidien l’Expression

La nécessaire adaptation
Le Conseil oléicole international (COI) vient de décréter que les huiles d'olive ordinaires ne seront plus admises à la vente, sur les circuits commerciaux internationaux à partir de l'année 2026.
La décision touche de plein fouet la majeure partie de la production de notre pays qui devra, selon une partie des experts, adapter la qualité de son huile aux normes et standards édictés justement par cet organisme international, le COI. Une autre partie des experts considère, cependant, que pour diverses raisons, les décisions en question ne doivent nullement être systématiquement suivies par tous les pays. Un véritable débat doit s'ensuivre avec, toutefois, la remise en question des stratégies de développement de la filière oléicole des pays sanctionnés par l'interdiction.
En fait, pour bien comprendre le problème, il y a lieu de saisir ces normes dites de qualité édictées par le COI et les standards sur lesquels elles reposent. On appelle donc l'huile d'olive ordinaire, toute huile d'olive propre à la consommation en l'état dont le taux d'acidité ne dépasse pas le seuil de 3,3%, c'est-à-dire le maximum de 3,3 grammes pour 100 grammes.
L'huile d'olive ordinaire demeure toutefois commercialisable si elle répond aux autres caractéristiques fixées par l'organisme international. L'huile d'olive vierge, elle, est définie comme telle si son taux d'acidité ne dépasse pas 2%, c'est-à-dire, deux grammes pour 100 grammes. L'huile extra-vierge, par contre, possède un taux d'acidité ne dépassant pas 0,8%.
Le Conseil oléicole international considère comme lampante ou impropre à la consommation, toute huile dont le taux d'acidité dépasse 3% bien qu'elle contienne, selon des experts, des éléments essentiels bénéfiques pour la santé.
Aussi, des experts, à l'instar de Mohamed Belasla, président du Conseil national interprofessionnel de la filière oléicole (Cnif-oléicole) considèrent que les oléiculteurs et tous les intervenants dans la branche devront fournir des efforts et de mettre à niveau le processus de récolte et de la cueillette du fruit à sa trituration, ainsi que le stockage de l'huile dans des contenants qui préservent sa qualité, afin de produire une huile entrant dans les deux catégories requises. Un processus qui devra, en effet, s'adapter à cette nouvelle donne, induite par la décision du COI, ajoute-t-il, au moment de son intervention, lors d'une rencontre régionale sur la qualité de l'huile d'olive, organisée, mercredi à Tizi Ouzou, par la direction des services agricoles (DSA).
Mahmoud Mendil président d'honneur expert en oléiculture du Cnif-oléicole qui intervenait, lors de la même réunion, a fait remarquer qu'il ne suffit pas d'avoir un produit de qualité pour être en position de force sur le marché international de l'huile d'olive. Mendil estime que la nouvelle phase économique et politique donne à notre pays des possibilités de définir ses propres normes, tout en produisant une huile d'olive de qualité. L'expert note, en fait, une tentative des pays les plus puissants de l'Union européenne d'asseoir des normes d'huile d'olive qui les arrangent et de ramener l'huile d'olive au niveau des qualités de l'huile de table en réduisant son taux d'acidité étant donné que ces derniers consomment des huiles sans goût et raffinées (huile de table).
Pour sa part, Akli Moussouni, estime que, par cette décision, le COI est dans son rôle de protéger les consommateurs.
L'expert agricole explique, à cet effet, qu'à défaut de n'avoir pas créé des filières pour les produits agricoles sur la base de chaînes de valeur, nous avons entretenu la qualité immatérielle culturellement préférée par nos consommateurs, d'où le fait que nous avons volontairement exclu l'huile d'olive algérienne du standard international. Moussouni préconise ainsi la mise en place d'un système d'organisation des agriculteurs à même de générer des offres collectives comme unique solution de fidéliser les clients potentiels sur le marché international. Les quelques opérateurs qui se sont distingués avec des médailles de marketing ne font, estime-t-il enfin, qu'entretenir le sous-développement de la filière en agissant en rangs dispersés.
Enfin, pour illustrer le caractère subjectif des standards internationaux, il convient de souligner le facteur culturel existant en matière de définition de la qualité de l'huile d'olive. Dans chaque pays producteur, les populations ont une vision propre du goût et de la qualité de l'huile d'olive perçue d'ailleurs comme un produit noble et important dans leur alimentation et leur santé. Cet aspect culturel prégnant dans la conception que se font les peuples, de ce produit, apparaît clairement d'ailleurs, au vu de la perception qu'ont les connaisseurs des huiles vierges lampantes impropres à la consommation selon le COI, et qui sont appelées ainsi, car autrefois elles étaient utilisées pour alimenter les lampes à huile.
Les spécialistes s'accordent à dire que cette huile lampante contient beaucoup de composants naturels bénéfiques pour notre santé tels que les acides essentiels, les vitamines ainsi que les antioxydants. Toutefois, ces derniers recommandent la diminution du taux d'acidité alors que dans nos sociétés sud-méditerranéennes, le taux d'acidité n'est pas un facteur important.
Kamel BOUDJADI



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